Henryk Stazewski (1894-1988) Lot n° 55

Henryk Stazewski (1894-1988) Relief nr. 38, 1969 Acrylique sur métal et panneau de fibres de bois Signé, titré et daté au dos Acrylic on metal and fiberboard; signed, titled and dated on the reverse 60,5 x 60 x 4,5 cm - 23 7/8 x 23 5/8 x 1 3/4 in. PROVENANCE Acquis directement auprès de l'artiste À l'actuel propriétaire par cessions successives EXPOSITION Bordeaux, CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, Anka au cas par cas, 23 juin-31 décembre 2022 Cette œuvre est actuellement exposée au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux et sera à la disposition de l'acquéreur à l'issue de l'exposition L'œuvre de Henryk Stazewski est considérée comme l'exemple le plus classique de l'abstraction au XXe siècle. La première phase de son travail est profondément ancrée dans les mouvements d'avant-garde, néanmoins sa carrière s'étend bien au-delà de la période correspondant à l'existence de l'un ou l'autre des groupes artistiques modernistes. Débutant sa pratique de la peinture abstraite dans les années 1920, Stazewski l'a ensuite poursuivie jusqu'à sa mort à la fin des années 1980. Stazewski a fait évoluer sa démarche artistique dans un dialogue constant avec des artistes internationaux. Il a joué un rôle de lien entre Europe de l'Est et de l'Ouest, lien que ses passages réguliers à Paris dans les années 1920 et 1930 ont rendu d'autant plus important. Sur place, il a eu l'occasion de se lier d'amitié avec des figures du milieu artistique parisien telles que Piet Mondrian ou Michel Seuphor, entre autres. Sta?ewski était membre du groupe constructiviste "A.R." dont la réalisation la plus célèbre fut la constitution d'une collection internationale d'art d'avant-garde qui fut installée au musée d'art de Lódz, en Pologne. Il fut également membre de groupes importants tels que "Abstraction Création" et "Cercle et Carré". C'est dans ce contexte que Stazewski se lia d'amitié avec de nombreux artistes modernistes internationaux. Tirant parti de ses liens et de ses relations avec de nombreux artistes établis à Paris, il se chargeait de récupérer les œuvres d'art qui étaient offertes pour abonder cette collection publique. Parallèlement, en tant que peintre résidant à Varsovie, il avait des liens étroits avec le milieu artistique d'Europe de l'Est. Il est intéressant de noter qu'il a coorganisé une exposition d'œuvres de Kazimir Malevitch à Varsovie en 1927 à l'occasion d'une visite du peintre russe en Pologne. C'est pourquoi aussi bien sa peinture que l'ensemble de son activité artistique furent tellement appréciées par le monde de l'art parisien et européen : la collaboration de l'artiste avec la prestigieuse Galerie Denise René, qui débuta en 1957, en témoigne avec éloquence. C'est vers 1960 que Stazewski donne une nouvelle dimension à son travail en passant d'une surface picturale plane à la réalisation d'objets en trois dimensions. Néanmoins, la valeur chromatique de ceux-ci, produits et peints par Stazewski, reste aussi pertinente qu'auparavant, lorsque le medium choisi était principalement la peinture sur toile. Dans ses œuvres, le peintre recherche l'harmonie des couleurs et étudie les valeurs de perception de celles-ci en définissant des juxtapositions contrastantes qui influencent l'œil du spectateur. Sa recherche se concentre sur des éléments de base de la peinture tels que la couleur, la tonalité, la température, la texture de la peinture ; autant de thèmes que le peintre a abordés tout au long de sa carrière artistique. On le constate aisément dans l'œuvre présentée ici : le relief en bois peint "No. 38" de 1969, où on peut observer cinq rangées d'éléments carrés - chaque rangée étant d'une couleur différente et présentant une inclinaison variable vers les autres. Les déclinaisons de ces éléments de base considérés par Stazewski comme des éléments picturaux "objectifs" étaient conçues comme un moyen de créer des œuvres d'art "universelles". Le sujet est défini non pas par la personnalité ou les expériences uniques de l'artiste, mais par les caractéristiques artistiques invariables de la peinture elle-même : sa couleur, sa surface, son effet visuel… Stazewski (à l'instar de nombreux autres peintres européens d'avant-garde) était profondément attaché à cette doctrine connue sous le nom de "spécificité du medium" moderniste en théorie de l'art. La position de Stazewski dans le milieu artistique évolue au fil des années. S'il fait ses premiers pas au sein de collectifs artistiques marginaux, il devient, vers le milieu des années 1950, une figure de "doyen de l'avant-garde", admiré par la jeune génération d'artistes qui cherchent à le rencontrer pour faire connaissance avec celui qui a vécu en personne les "heures de gloire" du mouvement moderniste. Son studio, situé au dernier étage d'un immeuble qu'il a partagé pendant deux décennies avec Edward Krasinski - lieu aujour