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Lot n° 20

JEAN DUFY (1888-1964)

Résultat :
Non Communiqué
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JEAN DUFY (1888-1964) La Haye-Descartes, la papeterie bords de la Creuse, 1930 Huile sur toile Signée en bas à droite Titrée au dos Oil on canvas; signed lower right; titled on the reverse 60 X 73 CM - 23 5/8 X 28 3/4 IN. PROVENANCE Me Blache, 12 juin 1985, lot 137 Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire BIBLIOGRAPHIE Jacques Bailly, Catalogue raisonné de l'œuvre de Jean Dufy (1888-1964), Paris, 2002, Vol. II, reproduit en noir et blanc sous le n° 838, p. 136 ŒUVRE EN RAPPORT Jean Dufy (1888-1964), La tour Eiffel, vers 1924-1925, huile sur toile, 60 x 73 CM, collection particulière Lorsque l’image de Jean Dufy demeure le transcripteur d’ambiances électriques, par ses scènes de music-hall et de cirque, représentant la foule et le mouvement par ses couleurs vives, La Haye-Descartes la papeterie de la Creuse, nous offre quant à elle un instant d'accalmie et d’introspection, dans un œuvre tapageur. Bien que l’on retrouve le découpage, typique, de l’espace en damiers de couleurs, ici, les aplats ne font pas écho à un éclairage artificiel de bal, mais se plient bel et bien à un certain réalisme. Avec leur chromatique à dominante ocre et bleu, sans présence humaine, certains paysages de Jean Dufy se distinguent drastiquement de l’ensemble de sa production, et peut-être aussi, inconsciemment, de celle de son aîné, Raoul Dufy. Et ce n’est probablement pas anodin si cette nouvelle facette de l’artiste se dévoile lorsqu’il se trouve dans un territoire vierge de l’empreinte de son frère. En effet, on retrouve cette harmonie aux tons forts et complémentaires de bruns, azurs et rouges foncés majoritairement dans les paysages de Touraine et des Vosges, où Jean a vogué puis vécu, s’écartant du Paris festif et du Sud mordoré qui appartiennent à Raoul. Au cours de sa trentaine, Jean Dufy s’inscrit dans une démarche cézannienne, avec son travail de hachures, et de profils de maisons réduites en cubes faussement schématiques, dès 1919 avec le Val-d’Ajol (collection Eskenazi Museum of Art, Indiana University). Quelques natures mortes des années 20 témoignent de la maîtrise des effets d'illusion de perspective tronquée par la juxtaposition de couleurs qui se jouent de la surface. Seules quelques notes de l’artiste sont parvenues à nous, et révèlent son adoration pour le maître Henri Matisse. C’est donc assez naturel que, de ce penchant fauve, une élaboration des teintes donne un résultat proche des paysages de Maurice de Vlaminck, autre émule du mouvement. C’est lors de cette période que notre tableau a été exécuté, révélant un trait de pinceau renouvelé de Jean Dufy, et une représentation paisible du havre de paix qu’il choisira comme lieu de résidence entre 1934 et 1939. Cette parenthèse bucolique fait d’autant plus effet de balancier à son activité frénétique, l’année d’exécution de notre tableau étant la même que celle de la conquête de Dufy des Amériques, avec sa première exposition à New York.

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