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Lot n° 5

ÉDOUARD MANET (1832-1883)

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ÉDOUARD MANET (1832-1883) Moïse sauvé des eaux, Huile sur toile Oil on canvas 50,8 X 61 CM - 20 X 24 IN. Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en ligne de l'œuvre d'Édouard Manet actuellement en préparation par le Wildenstein Plattner Institute, Inc. PROVENANCE Collection particulière, Espagne "Personne comme peintre n'a plus étudié que Manet, pour se rendre maître du métier." C'est ainsi que Théodore Duret définit Manet, dans son ouvrage Histoire d'Édouard Manet. Après avoir échoué à son examen d'entrée dans la marine, et en obtenant le soutien de ses parents, Édouard Manet commence sa formation de peintre en intégrant en 1850 l'atelier du célèbre portraitiste et peintre d'histoire, Thomas Couture. La relation entre le maître et l'élève n'était qu'une longue suite de heurts et de fâcheries en raison de leurs divergences artistiques. Le maître défendait un art fait de traditions, où les seuls sujets dignes de l'art étaient les scènes de l'antiquité ; tandis que l'élève préférait les sujets réalistes représentant les hommes de son temps avec leurs redingotes et leurs vêtements usuels. En 1856, les deux hommes font de nouveau face à une dispute mais dont l'issue, cette fois, est irréversible. Manet quitte l'atelier et les deux hommes ne se reverront plus. En quittant l'atelier de Thomas Couture, Manet n'abandonne pas son désir d'intégrer les Salons, au contraire, il souhaite continuer à s'enrichir et se former. "Avant d'aborder les Salons, il me faut, disait-il, aller déposer ma carte chez les grands ancêtres." C'est dans cette démarche, de recherches des grands maîtres, que Manet se lance dans une série de voyages qui marquera son œuvre. En suivant les pas des modèles du XVIIIe, tels que Jacques-Louis David (1748-1825) ou Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Manet entreprend son propre Grand Tour et son éducation picturale. L'autoportrait de Filippino Lippi, que Manet a reproduit en 1858 dans une adaptation très touchante, aujourd'hui au Musée d'Orsay, est admiré aux Offices de Florence. La Leçon d'anatomie de Rembrandt (1606-1669), qui l'émerveille à La Haye, le marque aussi, alors il en fait une version personnelle. Manet fait tout un périple en Europe centrale et en Espagne. La conclusion est sans appel, et de tous ces grands peintres, c'est Vélasquez que Manet "déclare [que c'est] le plus grand peintre qu'il y ait jamais eu", dans une lettre adressée à Baudelaire, en 1865. Dans ses Souvenirs, le grand critique d'art et confident de Manet, Antonin Proust (1832-1905), rapporte : "Il voyagea en Hollande, en Italie, en Espagne. Quand il rencontra, en Espagne, chez Velasquez, la préoccupation de la simplicité du dessin et de la transparence de la coloration, il se sentit heureux comme un homme qui se retrouve parmi les siens, après une exploration dans un pays où sa langue est ignorée. L'influence que Velasquez eut sur lui, il ne la niait pas, il la confessait. La consciencieuse sincérité des Primitifs italiens l'émut et la hardiesse des partis pris de Franz Hals lui causa, en Hollande, une telle impression que, revenu à Paris, armé de tous ces souvenirs, il se décida à aborder franchement les divers aspects de la vie parisienne. La vie de Manet est, à cet égard, un super exemple de loyauté. De 1858 à 1860, il fait une série d'études, l'Étudiant de Salamanque, Moïse sauvé des eaux, la Toilette, la Promenade, en notant simplement au dos de ces études ce que les maîtres qu'il admire lui ont appris." Le tableau présenté ici, a probablement été peint durant la période de 1856 à 1860. En effet dans les souvenirs d'Antonin Proust, on sait que Manet avait, à cette époque, commencé à peindre "un grand tableau" dont le sujet était Moïse sauvé des eaux. "Manet avait commencé rue Lavoisier un grand tableau, Moïse sauvé des eaux, qu'il n'a jamais achevé, et dont il ne reste qu'une figure qu'il a découpée dans la toile et qu'il a intitulée La nymphe surprise." Dans l'œuvre que nous avons l'honneur de présenter on sent encore la main entraînée à l'atelier de Couture, ne serait-ce que par le choix du sujet biblique. Il y a, à ce titre, une dizaine d'œuvres reprenant les thèmes classiques, ce qui peut être étonnant, pour l'un des chefs de file de l'impressionnisme. Le lien filial représenté ici de manière douce et précieuse fait écho aux représentations de maternité par Raphael (1483-1520), qui humanise l'enfant Jésus. En contraste avec la peau de porcelaine de la fille de Pharaon, vient un fond très sombre, en hommage à Vélasquez. Ce choix permet de se focaliser sur les deux personnages, et leur destinée mythologique. Le fait que l'œuvre ne soit pas aboutie relève du côté historique de la pièce, nous entrons dans la conception même d'une toile, ce qui rend le tableau encore plus important de par son apport à la compréhension de l'œuvre de Manet. Moïse sauvé des eaux est à l'image de la N

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