Paul Zwietnig-Rotterdam (born 1939) Lot n° 388

Paul Zwietnig-Rotterdam (né en 1939), ''personne ne sait à quel moment de la vie un arc de nuit apparaît'', encre noire sur papier, signé et daté 2015, au verso description par l'artiste, 43,5 x 35,5 cm, Dédicace de l'artiste à Casper David Friedrich (1774-1840)Le 28 février 1982, à l'invitation de la Boston Art Society, j'ai donné une conférence sur les éléments du formalisme abstrait dans l'art contemporain, en utilisant comme image centrale, irradiant les rayons du sublime, l'Arc de nuit de 1810 de C.D. Friedrich, qui, selon moi, est une invention picturale claire, une invention formelle qui n'existe que dans l'imagination et qui n'a rien ou presque rien en commun avec le réel du monde physique phénoménal, comme les spirales dans le ciel de Van Gogh ou les arbres rouges de Mondrian, etc. Il est étonnant de voir comment Friedrich maintient directement et sans hésitation les bords du tableau avec la feuille blanche. L'image est suspendue à la ligne blanche comme un fil. Tout le contenu de la présentation est lié à l'immédiateté de la surface. Outre les paramètres visuels que j'ai mis en évidence dans ma conférence, on en revient probablement toujours au fait que Friedrich a inventé le Nachtbogen pour maintenir le tableau dans un haut degré d'abstraction, que la peinture est un art de l'immobilité et de l'invention, que de nouvelles formes et de nouveaux contextes formels sont impliqués dans le développement du monde. Immédiatement après la conférence, qui s'est terminée vers 22 heures, Rebecca et moi sommes montés dans la voiture et trois heures plus tard, nous avons atteint notre maison à North Blenheim. La maison se trouve sur un large plateau, sur une colline, avec une vue imprenable sur la vallée. À gauche et à droite, les chaînes de montagnes vallonnées des Adorandecks. Aucune lumière au loin, seulement les étoiles, la lune et tout le blanc couvert de neige. Nous sortons de la voiture et nous nous dégourdissons les pieds en faisant quelques pas sur la colline. Et quand nous nous retournons : une grande traînée blanche s'élève dans le firmament, un arc blanc apparaît à travers la vallée, s'étendant de montagne en montagne, tout comme Frederick l'a dépeint dans son tableau. L'arc blanc est resté là pendant au moins une minute. Nous ne savions pas quoi dire - j'ai secrètement dit merci à Friedrich - sachant que nous avions reçu un message de l'au-delà. En 1982, j'ai réalisé un dessin d'arcs-en-ciel qui se trouve maintenant dans la collection Leopold et, curieusement, ce n'est qu'il y a un an que j'ai recommencé à m'intéresser à ce sujet. Bien que les répétitions dans l'art m'énervent, j'ai fait 5 dessins d'arcs-en-ciel jusqu'à présent car "personne ne sait quand un arc-en-ciel apparaîtra" et il est intéressant que les dessins soient différents et n'aient en commun que la ligne blanche qui court au-dessus de la composition formelle qui s'élève. Je n'ai parlé de l'arc-en-ciel qu'à un ou deux amis, j'en ai parlé il y a deux ans au physicien qui s'appelle Humuk et qui travaillait pour la Commission de l'énergie atomique, il a un doctorat du MIT et m'a donné des cours de physique. Il a compris que la question n'est pas de savoir comment l'arc-en-ciel blanc est apparu à travers la lune, mais de savoir pourquoi il est apparu au moment même où je vivais encore dans ma conférence sur l'arc-en-ciel et où j'avais besoin du véritable arc-en-ciel au milieu du paysage enneigé. Il ne reste plus qu'à décider, dit le physicien, si cet arc-en-ciel est apparu dans mon cerveau ou réellement dans le firmament. Mais comme Rebecca a admiré l'éclat de la ligne blanche dans le ciel étoilé et comme il est fantastique d'être personnellement connecté à l'univers, je peux humblement faire un rapport sur l'arc-en-ciel. C'était un événement merveilleux, c'était un cadeau fantastique.