École italienne ; dernier quart du XVIe siècle. "Ecce... Lot 20

École italienne ; dernier quart du XVIe siècle. "Ecce homo", Huile sur cuivre. Elle présente de légères restaurations. Il a un cadre du XVIIIe siècle avec des dommages. Mesures : 29 x 24 cm ; 31 x 31 cm (cadre). De par sa technique, cette belle peinture s'inscrit fidèlement dans les canons du maniérisme avancé, où les concepts intellectuels et la virtuosité artistique étaient mis en valeur, sur la base de "la maniera" des trois maîtres italiens par excellence : Leonardo, Raphael et Michelangelo. Ainsi, dans ce magnifique Ecce Homo, nous pouvons parfaitement observer la délicatesse du sfumato qui parvient à estomper subtilement les contours, l'utilisation artificielle de la lumière, la langueur expressive... Bref, des traits dans lesquels l'artiste a opté pour "l'imitation" de l'art de la génération précédente plutôt que pour une recherche rigoureuse du naturalisme. Des experts comme Freedberg ont affirmé que le maniérisme était un mouvement artistique cultivé, avec un grand contenu intellectuel, car l'artiste attendait de son public qu'il comprenne quelles étaient ses références artistiques. Il s'agit donc d'un style de peinture très raffiné, destiné exclusivement aux cercles courtois et intellectuels. Comme nous pouvons le voir dans cette œuvre, le maniérisme combine une élégance exagérée avec une attention exquise aux textures et aux détails en général : il convient de mentionner la délicatesse de l'artiste dans la représentation des poils de la barbe, le glaçage des yeux, le caractère porcelaineux de la peau, le velours du manteau, etc. Un autre aspect très moderne de ce tableau est le point de vue, qui amène le spectateur à voir de très près le visage expressif du Christ, ne laissant pratiquement pas d'"air" autour de lui, ce qui, dans un souci de composition de l'artiste, souligne le grand contenu émotionnel de l'œuvre. Nous retrouvons le même procédé dans des œuvres de grands maîtres maniéristes, comme "Suzanne et les vieillards" (1535-1607) d'Alessandro Allori, qui rapproche tellement le spectateur des sujets qu'il a presque l'impression d'être un troisième vieillard qui lorgne sur la scène. Outre Allori, d'autres artistes comme Agnolo Bronzino, Giorgio Vasari et Federico Barrocci illustrent ce maniérisme avancé qui a duré de 1530 à 1580 environ. Le peintre virtuose de cet "Ecce Homo" a sans doute observé le travail de ces artistes, car leur influence est évidente dans sa technique raffinée. Le sujet est inévitablement lié au contexte de la Contre-Réforme, dans lequel plane la menace de l'avancée du protestantisme. À la fin du XVIe - début du XVIIe siècle, les thèmes profanes, mythologiques et allégoriques du début de la Renaissance sont réorientés vers une religiosité plus rigoureuse.