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Lot n° 12

Possibly Spanish School. First half of the 16th...

Résultat :
Non Communiqué
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Peut-être de l'école espagnole. Première moitié du XVIe siècle. "L'Annonciation". Huile sur panneau 41 x 31 cm. Ce panneau très précieux et inhabituel représente l'épisode de l'Annonciation dans les luxueuses chambres privées de la Vierge. Elle apparaît agenouillée devant une table décorée d'une nappe rouge avec une bordure dorée, sur laquelle repose le livre qu'elle lisait jusqu'à l'apparition soudaine de l'envoyé de Dieu. L'arrivée de l'archange a amené la Vierge à poser son livre et à tourner son visage pour observer le visiteur inattendu. Saint Gabriel, comme d'habitude, arrive par le côté gauche de la scène. Il est debout, en train de s'approcher de la Vierge, c'est pourquoi on peut voir sa jambe droite pousser vers l'avant sous sa tunique, avec ses ailes déployées dans différentes directions. Dans sa main gauche, il tient un sceptre d'or surmonté d'une sorte de fleur de lys : c'est le bâton du messager, qui, selon Réau, est une transposition de celui porté par le dieu Mercure, " messager de Jupiter, auquel l'ange annonciateur emprunte son antique baguette de héraut, bâton de commandement confié par l'empereur céleste à son ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire ". Il étend son bras droit en pointant l'index et le majeur vers le ciel pour souligner que le message qu'il apporte vient directement de Dieu. Ce "geste oratoire", selon Réau, est directement inspiré "des statues des philosophes de l'Antiquité, il tend la main droite vers la Vierge en levant l'index pour souligner ses paroles". _x000D_ Marie porte sa main gauche à sa poitrine en signe de conformité avec le message divin, tandis que de la droite elle tient encore une page du livre qu'elle lisait. Elle porte un manteau bleu, mais dans ce cas, il est d'un bleu très foncé et également décoré de petites fleurs de lys dorées. Ses cheveux sont épais et légèrement ondulés, tombant en deux grandes mèches de part et d'autre de sa tête. Son visage, ovale, aux traits fins, au menton puissant et au front dégagé, renvoie aux modèles flamands. L'archange porte de longs cheveux roux. L'archange porte une longue tunique rougeâtre qui ne laisse voir que les orteils d'un de ses pieds et, par-dessus, une surtunique verte ouverte sur le devant et fermée au cou par une broche en forme de quatre-feuilles d'or. _x000D_ Les deux personnages ont été conçus avec des volumes bien définis et avec un intérêt pour le naturel tant dans les mouvements que dans les expressions. L'étude de la perspective n'est pas complètement réussie, bien que l'artiste utilise certains artifices pour y parvenir, comme les lignes formées par les carreaux de marbre de différentes couleurs (vert, jaune et rouge) qui pavent le sol ou la position du lit. Le peintre a décidé de capter le plus grand nombre possible de détails dans la pièce, dans le cas du lit avec des rideaux ou des sièges décorés de velours rouge et sur lesquels reposent deux coussins aux motifs floraux et aux franges dorées. Au premier plan, il y a une cruche avec des lys, un attribut qui fait allusion à la pureté de la Vierge Marie, et plus particulièrement à sa virginité, que saint Bernard appelle l'inviolable lilium castitatis. _x000D_ Dans la partie supérieure de la scène, en entrant par l'unique fenêtre de la pièce, qui disparaît dans un paysage lointain mêlant terre et mer, la présence de l'Esprit Saint est évidente à travers l'apparition de la colombe symbolique et des éclats qui l'entourent, dont l'un tombe sur le visage de la Vierge pour souligner le mystère de l'Incarnation. Il s'agit d'une composition harmonieuse, très belle et avec une riche gamme de couleurs. _x000D_ Le détail le plus mystérieux de la table se trouve à son dos, car on y trouve une inscription en français : " Blanche de Castille Reine Fondatrice du Monastere du Lis ". Blanche de Castille était reine consort de France par son mariage avec Louis VIII, et était à son tour la mère du saint roi Louis IX. Nous ne connaissons pas la raison de l'apparition de cette inscription, mais il est frappant de constater que le manteau de la Vierge apparaît entièrement tapissé de fleurs de lys dorées, emblème de la monarchie française et donc de Blanca elle-même. De même, il existe un autre détail qui peut avoir une signification symbolique, à savoir l'oiseau de type aigle aux ailes déployées peint sur le devant du vase de lys. Nous remercions Javier Baladrón, docteur en histoire de l'art, pour avoir catalogué cette pièce.

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