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Lot n° 43

LANGUET DE GERGY (Jean-Joseph).

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Vie de la vénérable Mère Marguerite Marie, religieuse de la Visitation Sainte Marie du monastère de Paray-le-Monial en Charolois, morte en odeur de sainteté en 1690. Paris, Veuve Mazière et Jean-Baptiste Garnier, 1729. In-4, maroquin rouge, décor aux petits fers dorés comprenant une large dentelle droite en encadrement et une grande gerbe losangée de petits fleurons, couronnes et fleurs de lis au centre, dos orné d'un chiffre couronné répété, pièce de titre en maroquin vert, dentelle intérieure, tranches dorées (Reliure ancienne). Édition originale de la première biographie de Marguerite-Marie Alacoque, la célèbre mystique de Paray-le-Monial, inspiratrice du culte du Sacré-Cœur. Le volume est orné d'un frontispice gravé par Jean-Baptiste Scotin et d'une vignette du même aux armes de la reine Marie Leszczynska, dédicataire de l'édition. Le prélat bourguignon Jean-Joseph Languet de Gergy (1677-1753) avait été chargé, comme vicaire général d'Autun, d'enquêter sur les miracles que l'on disait s'être produits autour de la tombe de la sainte de Paray-le-Monial. Il fut par la suite évêque de Soissons en 1715 et archevêque de Sens en 1730. Anti-janséniste notoire du « parti des dévots », Languet de Gergy s'opposa également aux philosophes des Lumières, combattant farouchement les candidatures de Montesquieu et de Voltaire à l'Académie française, où il avait été élu en 1721. « Cette première édition est curieuse à cause des puérilités qu'elle renferme et qui ont été supprimées dans les suivantes. » En effet, chroniqueur naïf, dépourvu de sens critique, Languet de Gergy, qui avait pourtant fait la guerre aux convulsionnaires, tombe dans tous les excès de l'hagiographie. Ce ne sont que cilices, disciplines et chaînes de fer, et les visions et dialogues avec le Christ sont sur le même registre. Au milieu de tous ces supplices, le combat avec le diable paraît presque un jeu facétieux. De plus, l'auteur révèle jusqu'à l'épisode fâcheux de la mutinerie des autres religieuses, qui ne supportaient plus les excès de rigorisme de Marie Alacoque. L’exemplaire est enrichi d’une curieuse pièce manuscrite de l’époque, très sarcastique à l'égard de l'ouvrage, soigneusement calligraphiée sur 7 pp. reliées en fin de volume, qui a pour titre : Lettres patentes d’historien du régiment de la calotte en faveur de l’évêque de Soissons. Ce brevet, très spirituel, n’est qu’ironie voltairienne à l’égard de Languet et de son Histoire de Marie Alacoque, déclarée « chef-d’œuvre historique du genre calotin » ! Entre autres dignités, l’évêque de Soissons s’y voit conférer la charge de « Commissaire général examinateur & vérifficateur de toutes extases fantastiques, visions cornües, vapeurs menstrualles, contes de peau d’âne, et de ma mère l’oye… » Très riche reliure en maroquin rouge décoré aux petits fers, dont la facture n’est pas française, mais probablement anglaise. De la bibliothèque du comte de Lignerolles (1894, III, n°2382), dont le catalogue présente le volume comme « l'exemplaire de dédicace à la reine Marie Leczinska » avec, sur le dos, « le chiffre couronné du roi Louis XV ». Édouard Rahir a repris à son compte cette attribution en décrivant l’exemplaire dans le Bulletin Morgand (1901, n°40909). Dos rapporté, coiffes restaurées, minimes épidermures sur les mors.

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