Lovis Corinth
Train de bacchantes
1896
Huile sur toile. 55,5 x 100 cm. Encadré par un cadre. Signé en bas au centre en noir 'LOVIS CORINTH'. - En bon état, couleurs fraîches. Petite retouche dans la partie inférieure droite.
Berend-Corinth 130
Provenance
Galerie Caspari, Munich ; Lindemann, Berlin ; Crane Kalman Galleries, Londres ; Kunstantiquariat Winterberg, Heidelberg ; Galerie Thomas, Munich ; U. Michael, Brême ; collection privée du sud de l'Allemagne ; W. Schuller Kunsthandel, Wertheim ; Villa Grisebach, Berlin, vente du 7 juin 2002, lot 13 ; collection privée européenne.
Expositions
Wuppertal 1999 (Von der Heydt-Museum), Lovis Corinth, cat. n° 8, p. 27 avec ill. couleur pleine page.
Au cours de son séjour à Paris et de ses études à l'Académie Julian, célèbre pour les étrangers, Lovis Corinth apprend auprès des peintres de salon Tony Robert-Flury et Adolphe William Bouguereau, au milieu des années 1880, à transposer d'importants sujets littéraires en tableaux de figures dramatiquement composés. Il est remarquable que ce ne soit pas la peinture des impressionnistes contemporains qui intéresse Corinth, mais qu'il aspire plutôt à la reconnaissance officielle du Salon parisien riche en traditions. Pour l'obtenir, le peintre se tourne au début de sa carrière vers des thèmes bibliques et mythologiques. Corinth acquiert à cette époque un répertoire thématique qu'il ne cessera d'aborder à Munich et plus tard à Berlin.
Le "dionysiaque" marque de manière décisive la peinture de Corinth dans les années 1890. Avec sa représentation panoramique de jeunes bacchantes et ménades ravies autour d'un Bacchus plus âgé, ce tableau délicat transmet le substrat de cet important groupe d'œuvres. Certes, le spectateur peut ici réfléchir à certaines références autobiographiques - la propre période munichoise de Corinth a bien été marquée par de nombreux festins et excès d'alcool - mais ces tableaux ouvrent une négociation complexe entre l'histoire et le présent : "Il ne fait aucun doute qu'avec de tels tableaux, Corinth se révèle être un peintre 'baroque' de son temps et un dépeintre vital du monde des sens. La réunion de l'art et de la vie par la re-mythification est une particularité de Corinth. [...] Il faut cependant toujours tenir compte de son ironie vis-à-vis des mythes antiques, de sa distance par rapport à la graécophilie qui donnait le ton à l'époque wilhelminienne. Sans doute ne veut-il pas - comme Rubens avec son 'Silène ivre' - mettre en garde, dans une intention moralisatrice, contre la consommation excessive de vin et la débauche sensuelle, mais jeter un regard moqueur sur le monde des dieux antiques". (Ex. Cat. Lovis Corinth et la naissance de la modernité, Musée d'Orsay. Paris/Musée des Beaux-Arts de Leipzig/ Kunstforum Ostdeutsche Galerie Regensburg 2008/2009, p.99).
Comme peu de ses contemporains, Lovis Corinth célèbre l'extase non feinte et débridée. Le tableau proposé ici illustre la bacchanale comme un rêve au sommet de l'ivresse. La notion d'hédonisme est encore jeune à la fin du 19e siècle, la peinture de Corinth nous semble d'autant plus prophétique aujourd'hui.
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