Guido Reni, 1575 Bologna - 1642 ebenda Lot n° 279

L'AUTOSTATION DE LUCREZIAHuile sur toile. 93 x 78 cm. Vers 1614/15. Non encadré. Ci-joint l'expertise de Nicolas Turner, Halstead, 6 juin 2011. L'expertise jointe, très détaillée, énumère les versions, aborde les classifications chronologiques et juge l'œuvre présente comme qualitativement bien supérieure aux autres versions connues. L'expertise indique que le tableau n'a été connu qu'après l'achèvement du catalogue raisonné de D. Stephen Pepper et n'a donc pas pu être inscrit. Lucrèce, selon la légende romaine, la fidèle épouse de Collatinus de la famille royale, connue pour sa beauté et plus encore pour sa vertu, était convoitée par Tarquinius, un parent de son époux. Dès que l'occasion se présentait, il cherchait à la violer. Comme elle refusait, il menaça de placer son corps à côté de celui d'un esclave et de l'accuser de fornication après les avoir pris tous les deux en flagrant délit et tués. Elle se livra donc, raconta ce qui s'était passé à ses parents et fut acquittée. Mais elle préféra se suicider pour ne pas que sa faute serve d'exemple à l'avenir. Selon la légende, l'événement a entraîné un soulèvement populaire contre la monarchie. Le débat littéraire qui s'ensuit depuis l'Antiquité sur la culpabilité ou l'innocence de Lucrèce a même touché les docteurs de l'Eglise. Dante a également interprété la légende dans sa "Divine Comédie". Tous les peintres, de Botticelli à Rembrandt jusqu'à l'époque moderne, se sont penchés sur le sujet, tout comme Shakespeare et Pouchkine. En musique, ce sont Haendel et Scarlatti, Respighi et d'autres qui ont fourni des mises en musique. Même Lessing a repris le thème dans sa pièce de théâtre "Emilia Galotti" et l'a transposé dans les temps modernes. C'est la seule façon de comprendre dans quelle dimension culturelle, historique et éthique le thème a été présent jusqu'à l'époque moderne, et pourquoi la légende a pu devenir si souvent un sujet de peinture. Guido Reni a repris le motif à plusieurs reprises. Selon l'expertise jointe, la présente version peut être considérée comme la première version de cette célèbre invention picturale. Selon l'auteur, il s'agit probablement du tableau mentionné en 1624 dans la collection Patrizi. La personne représentée est montrée en demi-portrait, la poitrine à moitié découverte, la direction du poignard dans sa main droite suit toute la posture du corps, le regard est dirigé vers le haut, mais sans les yeux proéminents peints de manière si frappante pour le peintre Reni dans ses dernières années. L'incarnation montre une fine délimitation sfumato de l'arrière-plan, avec un léger rougissement du visage face à l'excitation du moment. Le peintre a également renoncé à faire ressortir le sang, comme on peut généralement l'observer dans la peinture italienne, mais la cape d'un rouge profond, qui identifie Lucrèce comme membre de la famille royale, en est la preuve. A.R. (1300011) (2) Littérature : D. Stephen Pepper, Guido Reni. A complete catalogue of his works with an introductory text, New York 1984 Sybille Ebert-Schifferer (éd.), Guido Reni und Europa. Ruhm und Nachruhm, catalogue d'exposition Schirn-Kunsthalle, Francfort/M. 1988-1989, Francfort/M. 1988. Guido Reni, 1575 Bologne - 1642 ibid. THE SUICIDE OF LUCRETIAOil on canvas. 93 x 78 cm. Vers 1614/15. Non encadré. Accompagné d'un rapport d'expert de Nicolas Turner, Halstead, 6 juin 2011. Le rapport détaillé joint énumère les versions, discute les classifications chronologiques, et évalue la présente œuvre comme étant de bien meilleure qualité que les autres versions connues. Le rapport indique que la peinture n'a été publiée qu'après l'achèvement du catalogue raisonné de S. Pepper et ne pouvait donc plus être incluse. Littérature : D. Stephen Pepper, Guido Reni. A complete catalogue of his works with an introductory text, New York 1984 Sybille Ebert-Schifferer (ed.), Guido Reni und Europa. Ruhm und Nachruhm, catalogue d'exposition Schirn-Kunsthalle, Francfort/M. 1988-1989, Francfort/M. 1988.