Gazette Drouot logo print
Lot n° 78

Maître napolitain ; milieu du XVIIe siècle. "Retable...

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés

Maître napolitain ; milieu du XVIIe siècle. "Retable avec la Vierge et l'Enfant couronnés, Saint Augustin et Sainte Claire". Huile sur toile. Ré-entoilé. Dimensions : 336 x 208 cm. Dans cette œuvre, Marie est représentée au centre, fonctionnant comme axe de symétrie, couronnée par deux petits anges qui sont disposés dans la zone supérieure de la composition, à droite, se rappelant en grande partie le modèle d'une vierge pieuse de Naples, la Madonna de la purita. Sur la couronne placée au-dessus de sa tête, plusieurs têtes d'anges observent attentivement la scène. La composition, strictement symétrique sans perdre le naturalisme ou un certain dynamisme contenu qui révèle le goût baroque, est complétée par la présence de Saint Augustin et de Sainte Claire placés aux côtés de la Vierge, de deux personnages à l'arrière-plan à peine visibles et de plusieurs anges, dont deux jouent en l'honneur de Marie des instruments semblables à ceux que l'on trouve dans l'église de Santa Maria della Sanita à Naples... . S'agissant d'une œuvre baroque, l'artiste a laissé derrière lui la conceptualisation du siècle précédent, optant pour un plus grand naturalisme, et l'espace est donc défini non pas par un fond doré de Gloire, mais par un fond plus réaliste où sont présentés des nuages. L'éclairage est également baroque : une lumière dramatique, fantaisiste et artificielle, qui multiplie les projecteurs et crée des nuances délicates qui modèlent les volumes, et des ombres profondes qui servent à mettre en valeur la position centrale de Marie. L'œuvre se distingue par la délicatesse des détails, que l'on peut apprécier dans la qualité des tissus qui habillent tous les personnages et dans l'ornementation, comme le tabernacle que tient Santa Clara. La profonde influence du baroque naturaliste sur l'école napolitaine est due à la présence du Caravage lui-même, qui séjourna à Naples entre 1606 et 1607 et, peu après, entre 1609 et 1610. Son influence directe a précipité le changement stylistique et a conduit les peintres de cette école à abandonner le tardomaniérisme qui prévalait dans ces années-là. L'œuvre de référence est "Les sept œuvres de la miséricorde", que le Caravage peint en 1607 pour le maître-autel de l'église de Monte Bella Misericordia. Le nouveau langage se réaffirme à Naples avec l'arrivée en 1616 du Valencien Jusepe de Ribera. Doté d'une sensibilité précise et d'une interprétation crue de la réalité, à la limite de l'agressivité, Ribera rompt avec son coup de pinceau pâteux et expressif l'idéalisme formel qui domine à l'époque, jouant un rôle décisif dans la diffusion du naturalisme tant à Naples qu'en Sicile. Un autre rénovateur important, parmi les premiers à suivre Caravaggio, est Giovanni Battista Caracciolo, qui a peint une œuvre pour la même église de Monte Bella Misericordia. Le caravagisme napolitain partira donc de Caracciolo et de Ribera, et sera renforcé par la présence de l'œuvre de Caravage et par l'arrivée, en 1630, d'Artemisia Gentileschi, de sorte qu'il connaîtra un très long développement dans le temps, bien que totalement autonome. Gentileschi ouvre la voie à un caravagisme plus incisif et ténébreux, qui se conjugue à la même époque avec l'introduction à Naples des nouveautés du classicisme romano-bolognais, à travers la présence de Reni, Domenichino et Lanfranco.

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente