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Lot n° 458

Tilman Riemenschneider, 1460 Heiligenstadt – 1531...

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SAINT-JEAN Hauteur : 115 cm. Bois de tilleul, sculpté en trois quarts de rond avec des restes d'un encadrement polychrome. Sur une plinthe basse sculptée en léger contrepoint, un personnage en robe à plis, avec une main cachée en dessous, portée au visage. Tilman Riemenschneider est né à Heiligenstadt, en Thuringe, et a suivi une formation de tailleur de pierre à Erfurt, où il s'est spécialisé dans l'albâtre. Il s'installa un temps à Ulm, où il travailla comme apprenti chez Michel Erhart. Après s'y être installé et s'être marié en 1483, il devint citoyen et membre de la corporation des peintres de Saint-Luc et obtint le statut de maître. La richesse de sa nouvelle épouse lui permit d'acquérir une grande maison avec suffisamment d'espace pour les ateliers et le logement des compagnons, des apprentis et de sa famille. Par la suite, il reçut de nombreuses commandes de différents conseils municipaux, dont celle, en 1490, du conseil municipal de Münnerstadt de réaliser un retable pour le maître-autel de l'église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine. Les éléments de ce retable sont aujourd'hui dispersés. L'atelier de Riemenschneider a exécuté d'autres commandes importantes pour des clients locaux ainsi que pour des clients de Franconie et de Saxe. En 1504, il fut élu au conseil municipal et en 1509, il fut le premier artiste à être élu au conseil supérieur de Würzburg. Le sculpteur a été élu maire de la ville en 1520/21 et était alors déjà marié pour la quatrième fois. Lorsque la révolte des paysans s'abattit sur l'Allemagne en 1525, Riemenschneider et d'autres membres du conseil s'opposèrent aux exigences du prince-évêque Conrad von Thüngen et tentèrent de soutenir les paysans dans leur lutte pour l'affranchissement du servage. Le sculpteur est mort en 1531 et a été enterré dans le cimetière à côté de la cathédrale de Würzburg. Le vocabulaire sculptural unique de Tilman Riemenschneider est clairement visible dans la sculpture de cette émouvante figure de Saint Jean en deuil. Le sculpteur allemand sans doute le plus important du Moyen-Âge se distingue par sa manière particulière de représenter les traits du visage (des yeux en amande dirigés vers le bas et soulignés par de fins traits de paupière, un nez anguleux, de délicates lèvres pincées et un menton pointu en forme de fossette) et par l'authenticité de la peau, parcourue de fines rides, qui constituent un leitmotiv du style de sculpture incomparable de Riemenschneider. La combinaison de détails de composition, y compris les nombreuses diagonales créées par les plis profonds du manteau de Jean, la légère inclinaison de la tête du saint, le transfert de son poids sur sa jambe gauche et l'utilisation de boucles de cheveux abondantes et libres encadrant son visage juvénile, créent une sensation de masse et de mouvement plastiques. Les formes plus grandes de la draperie qui enveloppe ce personnage sont typiques des œuvres antérieures du maître, un détail souvent attribué à ses années de formation dans le Rhin supérieur et à Strasbourg. Comme Krohm l'explique dans l'exposition du Metropolitan Museum of Art 1999 (op. cit.), nous trouvons dans la sculpture de Riemenschneider des types de figures qui peuvent être attribués aux travaux de Niclaus Gerhaert, qui travaillait à Strasbourg, qui était à l'époque, avec Ulm, le centre le plus important de la sculpture dans le sud de l'Allemagne. La cascade de plis profonds sur le côté gauche de Saint Jean, en particulier, se retrouve dans d'autres sculptures précoces de Riemenschneider et de son atelier ; les drapés ressortent et reculent. Les plis du manteau généreux, la longue ligne diagonale du drapé au-dessus de la figure et le regroupement du drapé sur un côté se retrouvent également dans sa Sainte Barbe en albâtre, vers 1485-1490 (Chapuis, cat. nr. 4), son Saint Jean-Baptiste, vers 1490, de Haßfurt (Chapuis, ill. 1) et sa sainte féminine du North Carolina Museum of Art, vers 1490 (Chapuis, cat. nr. 10). Ce n'est que dans les œuvres ultérieures de Riemenschneider que l'on retrouve le traitement plutôt plat, à arêtes vives et calligraphié de la draperie. De toute évidence, cette figure de Jean a été sculptée pour un autel sur lequel le jeune disciple flanquait le Christ crucifié avec une figure de Marie légèrement inclinée vers la droite. Le pathos de Jean est perceptible lorsqu'il lève doucement sa main droite, recouverte par le lourd manteau, pour essuyer ses larmes. On retrouve un geste similaire dans la statue en bois de Saint-Jean provenant d'un arc de porte à Heidingsfeld. Dans la présente sculpture, le saint appuie toutefois son coude droit avec sa main gauche, un geste de deuil que l'on retrouve fréquemment dans la sculpture antique. Cette position du bras a également été utilisée pour la figure de la Vierge à l'extrême droite du groupe de lamentations de Großostheim vers 1510. En outre, cette composition rappelle la sculpture de plusieurs figures de l'un des groupes

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