Gazette Drouot logo print
Lot n° 142

Hubert ROBERT (1733-1808)

Estimation :
Réservé aux abonnés

Hubert ROBERT (1733-1808) Napoléon Bonaparte devant une fabrique imaginée pour le jardin de Malmaison Vers 1800 Huile sur toile H. 37,5 ; L. 50 cm Historique : Galerie Agnew's, Londres, 1966 (comme Marie Constance Charpentier) ; acquis par le docteur James Hasson (comme Marie Constance Charpentier) ; collection particulière / par descendance aux héritiers (comme Marie Constance Charpentier). Exposition : Londres, Agnew's, 1966, n° 69 (comme Marie Constance Charpentier). Aujourd'hui rendu à Hubert Robert, ce tableau est exceptionnel en raison de l’identification de la figure de Bonaparte et parce qu’il témoigne des aspirations d’un artiste associé à l’esprit des Lumières, au tournant du siècle. En quelques coups de pinceau, Hubert Robert esquisse la silhouette de Napoléon Bonaparte au premier plan de la vue d’un bois. Vêtu d’une redingote, chaussé de bottes et coiffé d’un bicorne, l’homme qui se détourne du spectateur a glissé sa main gauche dans son gilet. La présence de cette figure légendaire associée à l’intimité d’un parc permet de situer la promenade dans le jardin de Malmaison. Ce travail sur l’évocation plutôt que la description est caractéristique de l’art de Robert. En effet, l’artiste aime à brouiller les repères spatio-temporels, en offrant au spectateur l’image d’un moment qui pourrait advenir. Pour renforcer cette sensation d'infini, il emploie une facture délibérément esquissée. Les seuls éléments précis sont les citations qu’il aime intégrer dans ses compositions par plaisir et flatterie envers le spectateur qui saura les reconnaître. Pour ces raisons, l’attribution à la peintre excellant dans le portrait, Constance Marie Charpentier (1767-1848), lors de l’apparition du tableau sur le marché de l’art en 1966, doit être abandonnée. Cette proposition s’inscrivait dans le contexte des recherches menées par Charles Sterling, alors conservateur des peintures au musée du Louvre et sous contrat avec le Metropolitan Museum of Art de New York pour l’établissement du catalogue raisonné des peintures françaises1. Il restera à préciser l’historique du tableau car l’oeuvre n’est pas décrite dans la vente après décès de Robert, le 4 avril 1809, ni dans l’inventaire après décès de la veuve de l’artiste, Anne Gabrielle, dressé en 18212. Peut-être le peintre l’a-t- il vendu à l’un des membres de l’entourage ou des admirateurs de Bonaparte. Quoi qu’il en soit, Robert a peint son tableau en hommage à Joséphine3, mariée civilement à Napoléon en 1796. Passionnée de botanique, Joséphine veille attentivement aux aménagements et agrandissements du domaine de Malmaison, résidence privée acquise avec Napoléon Bonaparte en 1799. Le mécontentement de la maîtresse des lieux ne cesse de croître car les projets des architectes Charles Percier (1764-1838) et Pierre François Léonard Fontaine (1762-1853) ne prennent pas en considération son goût pour les jardins anglais. Dès 1801, le duo est remplacé par l’architecte Jean-Marie Morel (1728-1810). Ce dernier s’était rendu célèbre grâce aux conceptions de jardins, notamment à L'isle-Adam pour le prince de Conti et à Ermenonville pour le marquis de Girardin. Pour Malmaison, il est chargé de composer le parc à l’anglaise, en aménageant des points de vue mettant en valeur tantôt l’irrégularité du domaine ou la poésie d’une fabrique, tantôt les savoirs de la botanique avec la création d’une serre et l'acclimatation d’essences extra-européennes. L’architecte est à son tour remercié en 1805 et remplacé plusieurs fois jusqu’à l’arrivée de Martin Berthault (1770-1823) qui sait répondre aux attentes de Joséphine. C’est peut-être durant la période de tensions avec Percier et Fontaine, que Robert réalise son tableau pour Joséphine, peut-être dans le but d’obtenir la commande d’une peinture ou de la composition d’une fabrique, voire de l’ensemble de l’aménagement du parc. En effet, l’artiste peut y prétendre car il a su diversifier ses activités professionnelles associant la peinture de ruines et de jardins, le dessin d’aménagements paysagers et la conservation pour le Musée central des Arts. Il est agréé et reçu « peintre d’architecture » en 1766, avant d’être nommé « dessinateur des jardins du roi » et conseiller à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1784. En 1778, il devient « garde des tableaux du roi » et œuvre à la préparation de l’ouverture au public des collections royales rassemblées au palais du Louvre. Robert perd cette dernière fonction lors de son incarcération en octobre 1793, puis la retrouve en avril 1795, en tant que membre du Conservatoire devenu Conseil de direction des artistes en 1797. C’est en tant que conseiller du Musée central des Arts qu’il rencontre Joséphine en mars 1800. A la

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente