FLAUBERT Gustave Lot n° 106

Lettre autographe à Louise Colet. [La Bouille, (Seine-Maritime)], mardi soir [10 août 1847]; 3 pages gr. in-8 sur papier vélin fin, en page 4 mention Mme A.D. [Aglaé Didier]. LETTRE D'AMOUR PLEINE DE TENDRESSE ET DE SOLLICITUDE, sentiments le plus souvent contenus chez Flaubert. Il a eu sa lettre de dimanche: " J'en ai ressenti dans l'âme un bien inouï et j'ai eu pour toi un élan de tendresse qui m'a porté vers toi tout entier. Mentalement je me suis jeté dans tes bras sur ton coeur - j'aurais voulu y être ! Ne me juge pas sur l'apparence. Contrairement à beaucoup qui sont moins qu'ils ne paraissent je suis peut-être plus que le dehors ne dit. Ce que je ferai de ton amour, « de ce pauvre amour » ? Mais je le garde, mais j'y compte. Tâche qu'il ne te fasse pas tant de mal à toi, voilà ce que je demande et ce que je désire: Modère cette violence de passion, cet emportement de caractère qui t'a fait déjà tant souffrir. Fais-toi vieille pour ma vieillesse [...] Si je te semble si froid, c'est que j'ai bien brûlé déjà et qu'il n'est pas étonnant que le charbon ne flambe plus si fort [...] Un ami dont je t'ai peu parlé [...] auquel je porte encore un attachement profond est malade d'une maladie incurable [Alfred Le Poitevin qui mourra quelques mois plus tard]... Si jamais j'écris mes mémoires, sa place qui y sera large ne sera guère qu'un grand côté de la mienne ". Il a aussi des ennuis intérieurs " et pour bouquet, des dettes. Avec tout cela je lis sainte Thérèse et le docteur Strauss [une vie de Jésus comme documentation pour la Tentation de saint Antoine]. " Il me revient, par bouffées, des besoins de pérégrinations démesurées. « Ah, qui me donnera les ailes de la colombe ? » comme dit le psalmiste. - Si je les avais, les ailes de la colombe, j'irai vers toi, chère et bonne amie [...]... je t'embrasse pour ton bon amour, pour ton bon coeur. N'aie plus de ces colères qui m'affligent et qui m'irritent. Adieu, un long baiser sur tes seins ". - Reproducion ci-contre. De la