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Lot n° 60

ARMAN Armand Fernandez, dit (Nice, 1928 - New...

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L'Heure de tous Prototype pour la gare Saint-Lazare à Paris 1985 1985 Accumulation réveils soudés H. 97 x L. 45 x P. 30 cm Exposition Konsthall de Lund (Suède) 1989, Arman, notre sculpture reproduite p. 49 (sans titre, avec la date erronée de 1988) Bibliographie Notre sculpture inscrite au catalogue général de la Fondation A.R.M.AN, sous l'entrée 1985/Accumulation (en ligne : https://www.arman-studio.com/RawFiles/000015.html) Cette Accumulation d'horloges, dite L'Heure de tous, marque un tournant dans le projet de l'oeuvre conçue pour la gare Saint-Lazare à Paris. Si elle porte le même titre que le Monument installé dans la cour du Havre le 22 juillet 1985, elle s'en distingue néanmoins par un assemblage d'objets existants, de réveils soudés entre eux. Ce qui semblait encore possible pour notre sculpture d'un mètre de haut environ ne fut pas transposable dans la version en bronze sept fois plus grande. Au sujet de cette dernière, le directeur de la fonderie Régis Bocquel a rappelé que, faute d'avoir pu collecter suffisamment de grandes horloges, il avait fallu en créer à partir de roues de camionnette, de cadres de miroir... : «Il [Arman] voulait de cela soit vivant, qu'on ait l'impression [...] que les horloges étaient sur le point de tomber» (Entretien publié par le CNAP, 2014, p. 23). Lorsque l'État passa commande de l'oeuvre à Arman en 1984, celui-ci était déjà célèbre. Le ministre de la culture Jack Lang lui avait remis les insignes de commandeur des Arts et des Lettres, le 16 janvier de la même année. En mars paraissait le premier catalogue de ses Public sculptures édité par la galerie New-Yorkaise Marisa del Re. Enfin, le ministère lui avait confiait la réalisation du monument commémoratif du bicentenaire de la Révolution, une Accumulation de200 drapeaux qui trouverait sa place à l'Élysée. Les Monuments d'Arman, au sens étymologique du terme (du latin, monere : faire songer à quelque chose, faire souvenir), résultent d'un long processus créatif que l'on devine à peine derrière l'évidence du symbole. Dans le cas présent, les dessins du projet initial déposés au musée de Dole sont révélateurs de la démarche d'Arman qui, partant de l'idée d'une Accumulation d'horloges dans le béton (fig. 1 et 2), aboutit au grand bronze L'Heure de tous. Ce qui en 1984 se présentait sur le papier comme une masse fixe se mua en une composition libre, une allégorie contemporaine du temps qui passe et même, in situ, un clin d'oeil à la frénésie des voyageurs qui consultent l'heure fiévreusement (fig. 3). Dès le début, chaque horloge était différente mais elles indiquaient la même heure 10h10 (fig. 4). Notre Accumulation marque alors une étape dans ce processus créatif : les réveils, libérés de leur gangue de béton, affichent des heures toutes différentes quand ils ont conservé leurs aiguilles. En outre, à travers son titre poétique, elle porte en elle la référence à l'oeuvre du fabuliste Mexicain Juan José Arreola, El Guardagujas qui avait tant marqué Arman. Ce conte, publié en 1952 et traduit en français sous le titre L'Aiguilleur en 1979 (The Switchman, en anglais), illustre l'angoisse d'un voyageur qui ne parvient pas à prendre son train et auquel l'agent ferroviaire explique le destin funeste de ceux qui y sont parvenus. Restons à quai et observons avec la critique Catherine Francblin comment «à mesure que l'artiste affirme dans ses oeuvres son goût de l'arrangement, la critique des objets va s'estomper et céder devant l'expression dominante de leur évidente beauté». Ici, des réveils colorés, habilement disposés dans un équilibre instable ont sonné L'Heure de tous en 1985. Notre prototype a posé les bases esthétiques des minutes qui s'égrènent comme un chapelet sur le parvis de la gare Saint-Lazare.

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