James Ensor (1860-1949) Lot n° 1

Feuille d'étude. Dessin au crayon. Signé 'Ensor'. Encadré. La période 1880-85 a été pour Ensor, alors âgé de 20 ans, une période de recherche et de tâtonnement intense. Il a pu donner libre cours à cette quête en réalisant des croquis. La feuille de papier était une arène et un laboratoire où il testait et essayait, où il réunissait des sujets et entrait dans un dialogue apparemment insouciant ou involontaire les uns avec les autres. Il dirige souvent son regard vers des personnes et/ou des objets qu'il rencontre au quotidien dans la maison située au coin de la Vlaanderenstraat et de la Noordstraat, peuplée de sa famille proche et avec le magasin de curiosités au rez-de-chaussée. L'une des personnes qu'il voit le plus souvent est sa jeune sœur Mitche. Sur cette feuille, sa tête est représentée en haut, le regard rêveur tourné vers le bas. Les différents éléments ou figures qui se retrouvent sur une feuille de croquis ne doivent pas nécessairement être dessinés au cours de la même 'session', après tout, il peut s'écouler beaucoup de temps entre ces différents 'remplissages'. Deux autres éléments/ figures sur cette feuille, des deux côtés, les types et les silhouettes d'Ostende, sont des observations de la vie dans la rue, peut-être observées depuis son atelier au quatrième étage de la maison. Au milieu, un personnage (cocher ?) avec son chapeau buse, regarde directement le spectateur, tandis qu'à droite de ce personnage apparaît une étude de mains tout aussi typique. Tous ces éléments entament progressivement un dialogue, pour ainsi dire, les uns avec les autres, aidés par l'apparente négligence avec laquelle ils ont été confiés à la feuille. Et c'est là la force et la fascination indéniables qui émanent de ces feuilles de croquis : on regarde par-dessus l'épaule du jeune maître, comment il cherche, dessine et analyse les éléments et les figures, et tente de saisir et de s'accrocher à la vie qui l'entoure. Ce sentiment est ici merveilleusement renforcé par l'état de la feuille. Les taches, les bordures irrégulières, la petite étiquette en bas à droite - chaque élément semble interagir et donner un aperçu merveilleux du laboratoire du maître. 225 x 180 mm (550 x 450 mm) Lit.: P. Florizoone - W. Coppejans. James Ensor, Fragmenten en echo's. tekeningen 1873 - 1885. Antwerpen, Ronny Van de Velde, 2018.