BRUSASORZI DOMENICO RICCIO Lot n° 82

BRUSASORZI DOMENICO RICCIO (1516-1567) 'San Sebastiano' huile cm. 85x234 Domenico Riccio, dit Brusasorci (Vérone 1516 - 1567), a été formé dans l'atelier de son père Agostino, peintre et miniaturiste, et a rapidement assimilé toute la complexité de la peinture proto-manneriste de la ville de Vérone, avec des suggestions de Raphaël et Parmigianino, des recherches formelles dans le style de Giulio Romano et des échos florentins de la couleur. Il s'impose comme l'un des protagonistes de la saison picturale de la fin du XVIe siècle dans la ville de Vérone, réalisant également d'importants cycles de fresques pour des commandes publiques. Les fresques anciennes avec la Vierge et les saints de l'église Sant'Eufernia de Vérone sont particulièrement significatives pour une comparaison avec le San Sebastiano présenté ici. Les petits personnages dans le paysage avec les histoires des saints sont menés de manière très similaire à ceux de Sebastiano dans notre toile. Une large place est également accordée ici au paysage - il s'est d'ailleurs consacré spécifiquement à ce genre - animé par de nombreuses figures en mouvement. C'est précisément pour le paysage que la comparaison avec les fresques de l'église de S.M. à Organo, également dans sa ville natale, est significative. La figure monumentale et élégante de Saint Sébastien trouve également de nombreuses références iconographiques dans l'œuvre de l'artiste : en particulier dans la figure du Christ à la Colonne du dessin à la plume et à l'aquarelle conservé à l'Asmolean Museum d'Oxford (inv. n° PII 129). Le visage de la sainte, avec son profil légèrement raccourci et la caractérisation physionomique typique de l'œuvre du peintre, trouve également une comparaison immédiate dans le visage de Marie-Madeleine qui apparaît dans la Crucifixion de l'église de San Fermo à Vérone, où c'est encore une fois le paysage à l'arrière-plan qui constitue une référence supplémentaire au style de Brusasorci, qui est évidemment influencé par la manière aérée et ouverte de la scène vénitienne. La figure du petit ange offrant la couronne du martyre se retrouve dans le retable avec le Christ portant la croix de l'église Santo Stefano de Vérone, considéré par Sgarbi comme "l'un des premiers chefs-d'œuvre de l'artiste" (in Palladio e la maniera. Pittori vicentini del Cinquecento e i collaboratori di Palladio, catalogue de Vittorio Sgarbi, Venise 1980, p. 42). Le tableau montre tout le raffinement d'une élégance formelle et d'un équilibre compositionnel avec des résultats d'une force expressive indiscutable juste dans la figure de Sebastiano qui s'impose plein de charme à l'attention de l'observateur.