REGARDER ET VOIR On enseigne aux gens à retourner... Lot 0 0

REGARDER ET VOIR On enseigne aux gens à retourner la terre On leur enseigne à diviniser les cieux On enseigne aux gens à faire la guerre On leur enseigne à s’abîmer On leur enseigne ce qu’ils ne feront pas On enseigne aux gens tout sauf l’Essentiel Mais On ne leur Enseigne pas Ce qu’il faut Regarder et Voir Emmanuel de Monbrison Poète, Emmanuel de Monbrison l’était assurément. Son regard, amarré à l’intérieur de son être, se situait là où captation et vibration s’ordonnancent pour donner sens à ce que l’on voit, à ce que l’on touche, à ce que l’on ressent. Sa vision, elle, était ouverte sur un monde libre, sans entrave ni frontière. Pour Emmanuel de Monbrison, la sculpture avait partie liée avec la poésie et la musique et cette triade fut le suc nourricier de son existence. Ses voyages intérieurs furent ceux où le savoir entre en résonance avec les formes, où l’art rencontre l’histoire et incarne la mythologie. Emmanuel de Monbrison n’était pas un marchand classique, ni un collectionneur boulimique. Féru de littérature et d’histoire de l’art, il aurait souhaité être libraire. Mais sa passion pour les objets le mena à ouvrir avec ses frères, Marc et Alain, une galerie d’art primitif au 2, rue des Beaux-Arts. L’existence les sépara quelques années plus tard. Emmanuel décide alors de se consacrer à l’art d’Extrême-Orient dans sa galerie au 6, de la rue Bonaparte. Il habite ce lieu avec ce charme aérien qui était le sien. Les racines chinoises côtoient les paniers japonais, les sculptures Gandhara et Gupta font face aux bouddhas Khmers. Tout est calme. Il n’y a pas d’angle droit dans la pensée d’Emmanuel, ni dans ses gestes, souples et doux. Quand ses mains effleurent les épaules d’une statue Gupta, ses yeux s’animent, plein de ces vies successives, et il narre l’histoire de l’Inde. Car Emmanuel de Monbrison était un érudit discret, doté d’un humour constant, avec qui parler toute une nuit sans fatigue, de design, de photographie,