Agnes MARTIN (1912 - 2004) Lot n° 6

SANS TITRE, 1964 Lavis d'encre et encre blanche sur papier signé et daté au dos "A. Martin, 64" 19,50 x 19,50 cm (7,61 x 7,61 in.) Provenance : Robert Elkon Gallery, New York Londres, Christie's, 8 mai 1990, n°159 Expositions : Genève, MAMCO, Rudiments d'un musée possible 1, 23-09-1994/29-01-1995 Genève, MAMCO, "Vivement 2002, 6e épisode, 04-11-2001/15-05-2002 Genève, MAMCO, Mille et trois plateaux-6e épisode, Conjonctions, 08-06-2006/17-09-2006 Entre minimalisme et expressionnisme abstrait, Agnes Martin a dédié la totalité de son existence artistique à l'exploration obsédante d'un motif unique : la grille, ou trame. Un tel choix formel semble faire signe vers un matérialisme absolu, la grille ayant été le lieu par excellence de l'autonomisation de la peinture - ce par quoi elle put enfin s'affranchir de tout ce qui soumettait à autre chose qu'à sa propre essence. Et pourtant, le tour de force d'Agnes Martin aura été d'investir ce symbole du modernisme d'une dimension résolument spirituelle, réintroduisant ainsi la sensibilité et l'expression subjective au coeur du plus aride minimalisme. « Mes formats sont carrés, mais les grilles ne sont jamais totalement carrées ; ce sont des rectangles, elles ne sont pas tout à fait carrées, ce qui crée une sorte de contradiction, de dissonance, même si ce n'était pas dans mon intention première. Lorsque je recouvre la surface carrée de rectangles, le poids du carré s'en trouve allégé, sa toute-puissance s'en trouve détruite 3 ». Par la grâce d'un trait aquarellé où s'imprime le tremblé du tracé, Agnes Martin « allège » le carré auquel le siècle dernier rendit tant hommage. Elle tisse un réseau de lignes fragiles et irrégulières qui jouent de la plus ou moins grande finesse du trait, créent des ombres et des pleins et défont la belle assurance des grilles minimalistes millimétrées. Les bords floutés de la grille lui confèrent une aura qui hypnotise le regard : le carré ainsi retravaillé fait signe vers la philosophie Taoïste et