Jean GIONO Lot n° 47

L.A., 19-22 janvier 1931, [à sa maîtresse Simone téry] ; 8 pages et demie in-4 (papier un peu froissé, lég. mouill. et petites déchir. au dernier feuillet). LonGue lettre D'aMour, écrite en huit temps. Lundi 19 janvier 1931, 11 h. du soir. De retour de voyage à Saint-Paul, il a passé la nuit à soigner sa mère et sa femme Élise... « Je t'aime, Simone ma chérie la plus aimée, la seule aimée et voilà que tu es partie dans l'ombre en me laissant tout seul »... il ira en Allemagne pour des conférences en février ... 20, 2 h. après midi. Réveillé en sursaut, il se retrouve seul : « je vous écris ces quelques lignes, je n'ai plus la force d'écrire »... 5 h. du soir. « Je pense à vous. C'est dans moi comme une chose dévorante et terrible c'est comme ce suplice touareg des cailloux bouillants dans le ventre ouvert »... il craint qu'elle ne l'aime plus : « c'était trop beau de me sentir aimé ! » 21, 2 h. après midi. il se sent lourd et las. « Plus je souffrirai et moins j'aurai cette pensée de vous qui entre dans ma tête de tous les côtés comme les épines de la couronne. Alors, c'est fini ? » Mais il l'aimera toujours : « j'ai bien peur de ne jamais pouvoir être méchant et de toujours conserver avec moi ma sale bonté ma dégoutante et avilisante bonté. Mon Dieu donnez-moi la force d'être méchant donnez-moi la joie d'être méchant. [...] Je veux finir le Grand Troupeau quand même, pour vous, travailler pour vous. Après ça plus de Giono la bougie sera soufflée »... 5 h. du soir. il explique ses motifs pour croire que tout est fini entre eux, mais rien ne compte plus que son amour pour Simone... 6 h. du soir. il s'accroche à sa dernière lettre, où elle disait l'aimer, il s'accroche à son foulard, à la pipe qui lui vient d'elle, à ses photographies. « Me voilà pour la première fois de ma vie vraiment seul. Je n'ai plus rien. Plus mon travail, mon travail ne compte plus je ne travaillais que pour gagner mon bonheur ma place dans le monde. À quoi bon puisque je ne l'ai plus. Je ne v