HENRI MICHAUX (1899-1984) Lot n° 10

DESSIN MESCALINIEN, 1962 Crayon de couleur sur papier Monogrammé en bas à droite 41,5 x 32 cm - 161/4 x 121/2 in. L'authenticité de cette oeuvre nous a été aimablement confirmée par Madame Micheline Phankim Provenance: - Ancienne collection Lady d'Avigdor-Goldsmid - Robert Fraser Gallery, Londres - Collection particulière, Paris HENRI MICHAUX DESSIN MESCALINIEN, 1962 Faire s'échapper la ligne des mots, de leur ossature et du sens qu'ils commandent à la pensée, tel est ce que le dessin et la peinture permettaient pour Michaux. Pourquoi faudraitil, pour les exprimer, couler dans le béton de la langue les remous profonds de l'esprit? Ne peut-on pas, à mesure que l'on s'aventure dans les méandres du moi, laisser filer le tracé au gré des mouvements, des rythmes et des soubresauts intérieurs? L'expérience des hallucinogènes, que Michaux entreprit dès 1955, et de la mescaline en particulier, allait fouiller ces questions. Que le retour aux sources sémantiques et graphiques du langage ait conduit le poète-artiste à essayer les drogues, montre combien ce retour passait par le dépassement. Ce fut pourtant aliénation et ravage qu'il y trouva, dont aucune description ne pouvait rendre immédiatement compte sans se dissoudre elle-même. Des ouvrages témoignèrent cependant de cette épreuve, dont Misérable miracle (1956) et Connaissance par les gouffres (1961), mais c'est le dessin qui devait le mieux traduire la brutalité de l'expérience. Les Dessins mescaliniens ne sont pas le produit de la drogue. Ils manifestent plutôt l'effort de contrôle que Michaux déployait à corps défendant pour en «revenir». Généralement à l'encre noire, plus exceptionnellement à la sanguine, il retraçait la sismographie du voyage, dépeignait les rythmes spasmodiques et les abîmes effrayants qui l'avaient envahi. Si la plupart de ces dessins ménagent une brèche dans la surcharge, incision sur le vide où la drogue abandonne le voyageur, le tracé pousse ici jusqu'au comble l'encombrement et le désordre. Tel