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Lot n° 39

PARIS Tasse droite légèrement évasée et sa soucoupe...

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PARIS Tasse droite légèrement évasée et sa soucoupe en porcelaine, le fond vert rehaussé d’or, à décor central d’un médaillon en grisaille figurant un amour pointant du doigt un cahier de musique sur lequel est inscrit “la musique est charmante dans sa simplicité”, au sol une trompette et une lyre. Le filet d’or entourant le médaillon est inscrit en or bruni « Elle a fait plus de deux jaloux » en exergue. L’anse en biscuit doré à tête de lion. La soucoupe décorée en suite, le marli à décor d’attributs du théâtre et de la musique, au centre un soleil sur lequel est gravée la lettre S de Sophie. Restaurations au fond vert de la tasse. Manufacture Lebon Halley, Paris, époque Restauration. Marque en or sous la tasse. Tasse : H. 12 x D. 9,3 cm. Soucoupe : H. 2,7 x D. 16 cm. Provenance - Collection Sophie Gail (1775-1819) ou collection Sophie de la Valette (1776-1852), épouse Gay. - Collection Detroyat. - Collection privée française. Historique La décor de cette tasse fait directement référence à l’opéra-comique “Les deux jaloux” de Sophie Gail (1775-1819), qui connaît un grand succès en 1813. Sophie Gail naît le 28 août 1775, à Paris. C’est la fille de Claude-François Garre (1730-1799), chirurgien et major de l’École royale militaire de la Grande et Petite Écurie, membre du Collège de chirurgie et académicien. Elle avait reçu, d’après son mari, "une instruction au-dessus de son sexe". Comme les jeunes filles de sa catégorie sociale, Sophie étudie la musique, le piano et le chant. À 14 ans, elle compose et publie des romances, ses premières œuvres. En 1794, à 19 ans, elle se marie avec l’helléniste Jean-Baptiste Gail, de 20 ans son aîné dont elle a un fils, Jean-François Gail. Elle divorce très vite en 1801 et mène une vie libre, elle aura trois autres fils, de pères différents. Elle gagne sa vie comme pianiste et cantatrice, publie des romances, compose des airs pour le théâtre, en France, à Londres, à Vienne, en Allemagne et en Espagne. Son opéra-comique Les Deux Jaloux connaît un grand succès en 1813 et reste au répertoire jusqu'en 1839, avec plus de trois cents représentations. Après quelques échecs, elle renoue avec le succès lors de la création à l'Opéra-Comique, le 2 avril 1818, de La Sérénade sur un livret de Sophie Gay. Elle travaille à de nouvelles compositions, et en particulier à l’art de la romance, lorsqu’elle meurt d'une maladie pulmonaire le 24 juillet 1819, à quarante-trois ans à Paris. Le musicologue Adrien de La Fage (1801-1862) la définit en 1847 comme "la seule compositrice qui ait obtenu au théâtre un véritable succès". Il revendique pour elle l’usage du mot “compositrice” signifiant le statut acquis et la visibilité grandissante de la création musicale par la femme. La présence de ces deux tasses au sein de la même collection Detroyat atteste des liens d’amitiés qui unissaient la musicienne Sophie Gail à la salonnière Sophie Gay. Delphine Girardin, née Gay (1804-1855), fille de la salonnière et écrivaine Sophie Gay, témoigne, comme le rapporte Henri Malo dans “Une muse et sa mère”, avoir vu ces deux tasses chez Madame Détroyat qu’elle décrit précisément : « Depuis le Directoire, elle [Sophie Gay] connaît Edmée-Sophie Garre, fille d’un médecin-major de l’École royale militaire devenue Sophie Gail par son mariage en 1794 avec le célèbre helléniste de ce nom. Sophie Gail a un an de plus que Sophie Gay. La nature ne la dota pas d’un beau physique. On les appelle la belle et la laide ou encore « Sophie de la parole » et « Sophie de la musique » parce qu’elles ont collaboré. J’ai vu chez Mme Détroyat deux ravissantes petites tasses, du plus pur style empire. L’une représente un amour qui couronne un cahier de musique, avec une lyre derrière lui, et ces paroles en exergue : “Elle fait plus de deux jaloux”. Les Deux Jaloux sont un opéra-comique de Sophie Gail. L’autre représente une vue du château de Frankemberg, sous laquelle on lit un couplet de romance et des portées de musique. En pendant à cette vue, le buste d’un personnage vêtu d’un uniforme militaire ; Sophie Gay pour les paroles et Sophie Gail pour la musique, ont composé une romance, Le Château de Frankemberg, qu’elles ont dédiée à S.A.R le Prince Charles de Prusse ». Littérature - Henri Malo, Une muse et sa mère, Delphine Gay de Girardin, Paris, 1924. - Régine de Plinval de Guillebon, La porcelaine à Paris sous le Consulat et l’Empire, Arts et métiers graphiques, Paris, 1985. - Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : Répertoire 1762-1972 (2005). - Florence Launay, Les compositrices de musique vues par les musicographes dans la presse française du XIXe siècle, © Éditions de la Sorbonne, 2019, pp. 225-235. - Hervé Audéon : “Sophie Gail (1775-1819) et l’art de la romance”, livret d’acc