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Lot n° 38

BERLIN Tasse de forme conique à piédouche et sa...

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BERLIN Tasse de forme conique à piédouche et sa soucoupe en porcelaine, à fond bleu roi décoré de rinceaux en or, la tasse ornée d’une vue polychrome du Château de Frankenberg dans une réserve rectangulaire et sur le côté d’un buste de Charles de Prusse en biscuit en léger relief dans un médaillon à fond or. La soucoupe décorée en son centre de portées de musique d’un couplet de la romance “Le château de Franckenberg”, légendé en français. Bon état. Manufacture KPM, Berlin, début du XIXe siècle. Tasse : H. 13 x D. 8,5 cm. Soucoupe : H. 2,7 x D. 15 cm. Provenance - Collection Sophie Gail (1775-1819) ou collection Sophie de la Valette (1776-1852), épouse Gay. - Collection Detroyat. - Collection privée française. Historique Le superbe buste en biscuit de Charles de Prusse, troisième fils du roi de Prusse, est datable vers 1810-1815. Mais c’est la soucoupe qui attire notre attention, avec ces portées de musique d’un couplet de la romance composée par Sophie Gay (1776-1852) pour les paroles et Sophie Gail (1775-1819) pour la musique, “Le château de Frankenberg”, non datée, qu’elles ont dédiée à S.A.R. le prince Charles de Prusse (1801-1883). Deux modèles de cette tasse ont été offert à Madame Gay et Madame Gail. Le mémorial de Bordeaux de 1819 atteste de ce double cadeau : « Le prince Charles de Prusse qui avait demandé à Mme Gay et à Mme Gail une romance sur le château de Frenkenberg, que ces dames lui ont dédiée, vient de leur envoyer à chacune une lettre très-flatteuse et une tasse en porcelaine sur laquelle on voit le portrait du jeune prince, l’aspect du château de Frakenberg et le thème de la romance ». La présence de ces deux tasses au sein de la même collection Detroyat atteste des liens d’amitiés qui unissaient la musicienne Sophie Gail à la salonnière Sophie Gay. Delphine Girardin, née Gay (1804-1855), fille de la salonnière et écrivaine Sophie Gay, témoigne, comme le rapporte Henri Malo dans “Une muse et sa mère”, avoir vu ces deux tasses chez Madame Détroyat qu’elle décrit précisément : « Depuis le Directoire, elle [Sophie Gay] connaît Edmée-Sophie Garre, fille d’un médecin-major de l’École royale militaire devenue Sophie Gail par son mariage en 1794 avec le célèbre helléniste de ce nom. Sophie Gail a un an de plus que Sophie Gay. La nature ne la dota pas d’un beau physique. On les appelle la belle et la laide ou encore « Sophie de la parole » et « Sophie de la musique » parce qu’elles ont collaboré. J’ai vu chez Mme Détroyat deux ravissantes petites tasses, du plus pur style empire. L’une représente un amour qui couronne un cahier de musique, avec une lyre derrière lui, et ces paroles en exergue : “Elle fait plus de deux jaloux”. Les Deux Jaloux sont un opéra-comique de Sophie Gail. L’autre représente une vue du château de Frankemberg, sous laquelle on lit un couplet de romance et des portées de musique. En pendant à cette vue, le buste d’un personnage vêtu d’un uniforme militaire ; Sophie Gay pour les paroles et Sophie Gail pour la musique, ont composé une romance, Le Château de Frankemberg, qu’elles ont dédiée à S.A.R le Prince Charles de Prusse ». Sophie de la Valette (1776-1852), épouse Liottier puis Gay, est la fille d’un financier enrichi de la fin de l’Ancien Régime, mais qui sera ruiné par la Révolution. D’une piquante beauté, elle doit faire un mariage de raison et épouse en 1791 un riche agent de change du nom de Liottier bien plus âgé qu’elle. Au premier rang des Merveilleuses, elle fréquente Mesdames Tallien, Bonaparte et Hamelin. Excellente musicienne, elle se fait entendre dans des romances de sa composition, déployant son double talent de pianiste et de cantatrice. Elle reprend sa liberté en 1799 et épouse peu de temps après Sigismond Gay. Son salon est fréquenté par tous les écrivains, acteurs, musiciens et peintres distingués de son temps, attirés par sa beauté et sa vivacité. Elle publie un premier roman Laure d’Estelle en 1802 et entre en littérature. Elle écrit également des couplets, compose des romances, paroles et musique et joue de la harpe. C’est à Aix-la-Chapelle que naît le 25 janvier 1804 une petite fille nommée Delphine en hommage au talent de Madame de Staël dont le roman du même nom vient de paraître. Celle-ci deviendra la femme de lettres Delphine de Girardin, épouse d’Emile de Girardin. Sophie Gay est également auteur de plusieurs livrets d’opéra qui ont remporté des succès considérables. Ainsi en 1818, elle a arrangé pour l’Opéra La Sérénade de Regnard dont Sophie Gail, son amie, a composé la musique. "La pièce donnée ce soir à l’Opéra-Comique, sous le titre de La Sérénade, a été vivement applaudie ; un dialogue plein de naturel et de franchise, une musique variée et spirituelle en ont assuré le succès". Son portrait par Louis Hersent sera fort