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Lot n° 26

Salomon-Guillaume COUNIS (1785-1859) Portrait...

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Salomon-Guillaume COUNIS (1785-1859) Portrait de Madame de Staël (1766-1817), d'après François GÉRARD, 1818. Miniature ovale peinte sur émail, signée Counis en bas à gauche, inscriptions au dos sur le contre-émail : “Me la Bne de Staël, Counis fx d’après Gérard, 1818”. H. 8 x L. 6,7 cm. Dans un beau cadre rectangulaire en bronze doré à suspendre, à décor de palmettes. H. 12,2 x L. 11 cm. Historique “Il faut que l’existence parte de soi (…) et que, sans jamais être le centre, on soit toujours la force impulsive de sa propre destinée.” Mme de Staël, De l’influence des passions (1796). Anne-Louise-Germaine de Staël (1766-1817), fille du banquier Jacques Necker, ministre des Finances de Louis XVI, est née à Paris dans une famille aisée de la bourgeoisie suisse. Elle reçoit une éducation soignée mêlant esprit des lumières et calvinisme tolérant, conversant dans le salon de sa mère, Suzanne Necker, avec les encyclopédistes, philosophes et écrivains. Elle épouse le baron de Staël en 1786, alors ambassadeur du roi de Suède en France, union qui s’avérera mal assortie : femme de lettres, habitée comme tant d’autres de sa génération par “la rage d’écrire” (selon les mots de Georges Duby), son salon littéraire devient un centre de la vie parisienne. Son roman Corinne publié en 1807 va fournir à bien des femmes de nouveaux modèles d’identité, l’héroïne étant tout à la fois “improvisatrice, musicienne, peintre et femme charmante” (Mémoire de Madame de Staël : Dix années d’exil, 1818). Germaine de Staël, qui n’est pas soumise à une dépendance économique, voyage à travers l’Europe, s’affranchissant des préjugés et affirmant une certaine autonomie. Napoléon se méfiera toujours de cette femme indépendante et passionnée par la vie intellectuelle de son temps. Son portrait par le Baron Gérard, qui sert de modèle à la miniature sur émail exécutée par Counis en 1818, est supposé être achevé en 1810 et pourtant, il est difficile d’affirmer que Madame de Staël a posé pour sa réalisation. En effet, en 1810 elle est déjà exilée depuis sept ans hors de Paris, sur ordre du Premier Consul, s’étant opposée à lui pendant son ascension. Devenu Empereur, Napoléon n’a de cesse de la faire surveiller. Elle demeure à Coppet, dans le domaine familial suisse où elle reçoit de nombreux visiteurs hostiles à l’Empire, mais effectue également de nombreux voyages en Allemagne en 1803, en Italie en 1805 ou encore à Vienne en 1807. Son exil prend fin après la chute de l’Empire et elle rentre à Paris en 1816, ce qui fera dire à Alphonse Lamartine : “Le canon de Waterloo foudroyait d’un dernier coup la fortune de Napoléon et rendait l’air libre à Madame de Staël” (Souvenirs et portraits, Tome 1, Paris, 1871). Elle y décède en 1817. Selon l’écrivain suisse Edouard Rod, Gérard aurait exécuté le portrait de Madame de Staël quelque temps après la mort de la baronne d’après des documents. La figure jeune de la baronne peinte par Gérard laisse à penser que le peintre a réalisé ce portrait à partir d’esquisses du début du XIXe siècle, à l’époque où elle écrivit le plus célèbre de ses romans, Corinne. Elle est coiffée d’un turban orientalisant, dont la mode est venue de Grande-Bretagne, son pays d’adoption, mode qui se répand dans les années 1790-1820. Cet accessoire est très couramment associé à la figure de la baronne de Staël. Le portrait est saisissant de justesse et de vérité, ce chef-d'œuvre de Gérard participe à la célébrité de Madame de Staël tout autant que ses écrits. Le cadrage resserré sur le buste de la romancière de la miniature sur émail par Counis renforce la présence psychologique du modèle à la vie intense, dont le visage en pleine lumière se détache sublimement du fond sombre. Le regard de la baronne avec “de grands yeux noirs et humides qui ruisselaient de flamme et de beauté” (A. Lamartine, Souvenirs et portraits) est brillant et vif à l’image de cette femme de passion à la vie intérieure riche. Nous retrouvons fidèlement reproduits les détails du portrait de Gérard, comme la bouche sensuelle, légèrement entrouverte, les traits vigoureux du visage, la fine représentation du camée et les plis de la célèbre coiffe. Les couleurs sont exceptionnellement éclatantes, à l’instar du portrait du baron Gérard. La peinture vitrifiée étant inaltérable au soleil et à l’humidité, elle conserve toute sa brillance pour la postérité et constitue ainsi un témoin fidèle de l’état originel de l’huile sur toile à laquelle elle se rapporte. Littérature - Germaine de Staël-Holstein : Mémoire de Madame de Staël : Dix années d’exil, publication posthume, 1818. - Charles Gabet, Dictionnaire des Artistes de l’École française au XIXe siècle, Paris, 1831. - Louis Dussieux, Recherche sur l’histoire de