Gazette Drouot logo print

Thérèse Chu et Malou Kijno

Publié le , par Marie Aubert

Dans bien des cas, elles restent dans l’ombre de leur conjoint. Pour beaucoup, leur rôle, souvent tenu secret, n’est pourtant pas négligeable… loin s’en faut.

Thérèse Chu et Malou Kijno, ensemble à Saint-Germain-en-Laye, 10 février 2016 à l’endroit... Thérèse Chu et Malou Kijno
Thérèse Chu et Malou Kijno, ensemble à Saint-Germain-en-Laye, 10 février 2016 à l’endroit même où s’étaient tenues Sonia Delaunay et Malou, quelques années auparavant.
© MCAP
Alphonse Daudet écrivait en 1874 (1) : «Pour nous tous, peintres, poètes, sculpteurs, musiciens, qui vivons en dehors de la vie, occupés seulement à l’étudier, à la reproduire, en nous tenant toujours un peu plus loin d’elle, comme on se recule d’un tableau pour mieux le voir, je dis que le mariage ne peut être qu’une exception. À cet être nerveux, exigeant, impressionnable, à cet homme-enfant qu’on appelle artiste, il faut un type de femme spécial, presque introuvable, et le plus sûr c’est encore de ne pas le chercher.» Fort heureusement, un grand nombre d’artistes ont trouvé leur moitié ! À l’occasion de la Journée de la femme, de l’exposition des clichés – conjugués au féminin – d’artistes dans leur atelier par Marie-Paule Nègre (présentée à l’espace Drouot) et de la publication du quatrième opus, Des artistes en leur monde , la Gazette a eu l’opportunité d’interroger les compagnes de Chu Teh-chun (1920-2014) – Tung Chi-chao dite Thérèse – et de Ladislas Kijno (1920-2014) – Malou. Malou, de taille moyenne, est pourtant une grande dame ! Ses yeux, d’un bleu myosotis hypnotisant, devenus fragiles avec le temps, vous observent avec bienveillance. Elle possède, outre le sens de la répartie, une grande vivacité d’esprit et sa mémoire reste infaillible. Thérèse, quant à elle, tirée à quatre épingles, accroche constamment sur son visage un sourire lumineux à l’évocation des souvenirs qui ont jalonné son parcours. Dans la demeure de Saint-Germain-en-Laye, dans laquelle Malou et Lad vivaient heureux depuis 1974, puis deux jours plus tard dans l’appartement parisien de Thérèse, ces deux amies de longue date – elles se sont rencontrées grâce à Albert Féraud dans les années 1970 – reviennent sur ce que fut leur vie aux côtés de leurs compagnons, sachant qu’immanquablement, parler d’elles consiste surtout à parler d’eux… Où et quand êtes-vous nées ? Thérèse : Je suis née le 23 juin 1933 à Pékin. Mes parents ont eu cinq enfants et j’étais la seule fille. Malou : Issue d’une famille bretonne (son nom de jeune fille est Kerdavid), je suis née à Miliana, en Algérie, le 27 octobre 1921, mais je n’y suis restée que les deux premières années de ma vie. Thérèse est-il le prénom que vous vous êtes choisi lorsque vous êtes arrivée en France ? Pas du tout ! Je l’ai reçu lors de mon baptême en Chine par un prêtre jésuite d’origine…
Cet article est réservé aux abonnés
Il vous reste 85% à lire.
Pour découvrir la suite, Abonnez-vous
Gazette Drouot logo
Déja abonné ?
Identifiez-vous