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Morozov et les collectionneurs russes

Publié le , par Emmanuel Ducamp

Exposée à Paris cet automne, la collection Morozov est l’une des plus remarquables, mais pas la seule : elle s’inscrit dans une longue tradition d’amateurs russes.

Valentin Serov (1865-1911), Portrait du collectionneur Ivan Morozov, 1910, tempera... Morozov et les collectionneurs russes
Valentin Serov (1865-1911), Portrait du collectionneur Ivan Morozov, 1910, tempera sur carton, 63,5 77 cm (détail), galerie nationale Tretiakov, Moscou.
Q uand à la fin du XVIII e et au début du XIX e   siècle, les collectionneurs russes faisaient immanquablement partie de l’élite aristocratique et/ou diplomatique, les décennies suivantes marquent un changement important dans ce domaine, révélateur des évolutions autant sociales qu’économiques de l’Empire russe. Si des aristocrates continuent de s’y distinguer, comme le chancelier prince Alexandre Gortchakov, de simples diplomates ou hauts fonctionnaires s’y illustrent également. Tel est le cas du général Nikolaï Khitrovo  (1771-1819), qui réunit une importante collection de pierres gravées et de vases antiques peints, ou de Dimitri Tatishchev  (1767-1845), chargé d’affaires en poste à Naples, Madrid et Vienne. Le premier offre ses camées et intailles au tsar Alexandre  I er (1801-1825) en 1804 pour s’en attirer la faveur, tandis que le second meurt presque dans la misère à Vienne, avec 30  000  roubles de dettes, non sans avoir légué ses 185  tableaux à Nicolas  I er (1825-1855), sachant que ce dernier ferait solder ses comptes pour que les œuvres hollandaises ou espagnoles rejoignent les collections de l’Ermitage – où elles faisaient défaut. C’est que le musée impérial, à l’origine collection privée des souverains russes, est devenu un instrument d’orgueil national qui doit pouvoir rivaliser avec les plus grandes institutions européennes, comme le Louvre ou le musée de Berlin. C’est justement là que réside l’une de ses faiblesses  : alors que depuis le règne de Catherine  II  (1762-1796), la collection s’enrichissait autant de peintures anciennes que d’œuvres d’art récentes, à partir de celui d’Alexandre  II – monté sur le trône en 1855 –, l’accent sera plutôt mis sur l’art ancien. Et s’il y avait alors un vide à combler pour l’art contemporain, il le sera principalement par la classe émergente des marchands et industriels moscovites, qui accompagnent le développement économique russe et sa révolution industrielle.   Natalia Gontcharova (1881-1962), Verger en automne , 1909, huile sur toile, 72  x  103  cm, galerie nationale Tretiakov, Moscou. Un nouveau nationalisme Deux phénomènes caractérisent la seconde moitié du XIX e   siècle en Russie  : l’apparition…
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