François Pompon : roi des forêts
Ce bronze de François Pompon, issu d’une édition de 1930 à dix exemplaires, appartient à ses dernières grandes représentations de quadrupèdes.

: 80 000/120 000 €
Il serait faux de dire qu'on ne verra que lui dans cette dispersion… Notre animal partagera la vedette avec une figure de Mars en bronze, de l’atelier de Jean de Bologne – reprise de celle qu’il exécute pour l’Électeur de Saxe (40 000/60 000 €) –, une Déploration des anges sur toile de Nicola Grassi (60 000/80 000 €), deux groupes en marbre rouge de Vérone de l’école vénitienne fin XVIIe-début XVIIIe – Amphitrite et Neptune (30 000/50 000 € la paire) – et un agneau en marbre blanc d’époque Renaissance (20 000/30 000 €, voir l'article Un agneau de la Renaissance à consonance biblique de la Gazette n° 11, page 22). Sans oublier une vue du Jardin du palais d’Été du gouverneur à Alger, 1941 signée Albert Marquet, pour laquelle 30 000/50 000 € sont espérés. Sculpture emblématique de François Pompon avec ses formes simplifiées, le Grand Cerf est l’objet d’une commande d’un industriel pour sa propriété de Momères, dans les Hautes-Pyrénées, en 1929. Fondu au sable par Andro, c’est le clou du Salon d’automne (cette épreuve unique est aujourd’hui conservée à la Piscine, à Roubaix). L’année suivante, Pompon édite chez le même fondeur, quelques réductions dans une taille unique de 60 centimètres. Notre cervidé fait partie de celles-ci. Le plâtre original est attribué au musée du Louvre en 1934, mais il est aujourd’hui visible au musée d’Orsay. Le sculpteur bourguignon raconte une rencontre décisive avec l’animal : «J’avais exécuté des esquisses le représentant en train de brouter, de ruminer ou de courir. Mais un jour sous mes yeux, il s’est transfiguré. Il arrachait quelques maigres touffes d’une herbe poussiéreuse quand un régiment de la garde républicaine vint à passer. Soudain la musique joua. Alors je fus témoin de ceci : en deux foulées il chargea la grille du quai Saint-Bernard. Érigé de toute sa hauteur, il y colla son poitrail. Il ronchonnait. Dardé vers les cuivres, tous son être frémissait […] J’ai eu l’impression que c’était un dieu.»