Sous bonne garde
Artiste de l’école allemande ou autrichienne, E. Goerner fut un peintre de qualité. Pour preuve, cette œuvre orientaliste mettant en scène un garde nubien veillant sur un trésor.

Estimation : 20 000/30 000 €
Les notices biographiques sont aussi muettes que ses tableaux sont riches… Magnifiquement peint, notre panneau met en scène un Orient rêvé et recomposé. À la fin du XVIIIe siècle, le traditionnel grand tour en Italie fait place à un périple en Orient. Français et Anglais sont les premiers à tomber sous le charme, les artistes allemands et autrichiens leur emboîtant le pas dans les années 1830. Le Levant apparaît comme une terre authentique et immuable, «la patrie des sages, des légendes et des contes, de notre langue et de notre foi… », comme l’écrit l’archiduc Rodolphe d’Autriche à son retour d’Égypte et de Palestine, dans son récit publié en 1873. Les artistes mêlent un réalisme né de l’observation à une lumière éclatante, des textiles, des armes et des objets acquis auprès de marchands, sur place, en Espagne andalouse ou à Paris, et dont ils peuplent leurs ateliers. E. Goerner est de ceux-là. Telle une statue, notre garde nubien, assis dans une niche entourée de carreaux mauresques et sous une frise calligraphique évoquant les mosquées du Caire, fixe le point d’entrée de la lumière, entouré d’objets typiques des productions des artisans du Caire ou de Damas. Les panneaux de marbre, le sol, l’aiguière, le coffret de nacre, l’estrade témoignent d’une proximité avec des œuvres de Ludwig Deutsch et Rudolph Weisse, les plus discrets des orientalistes autrichiens, avec notre artiste, ayant séjourné à Paris aux alentours de 1890.