Sené ou l’art du siège à l’époque Louis XVI
Restée dans son état d’origine, cette bergère provient du mobilier de Madame Élisabeth pour le pavillon de Flore. Une assise princière attribuée au grand Jean-Baptiste-Claude Sené.

Estimation : 20 000/25 000 €
Le pavillon de Flore fut construit sous Henri IV. Il se situait à l’angle du palais des Tuileries, au nord, et de la Grande Galerie du palais du Louvre, à l’est. Il servait d’ailleurs à relier ces deux grandes demeures royales. Au moment de la Révolution française, Louis XVI et toute sa famille furent obligés de revenir à Paris, au palais des Tuileries. La sœur du roi, Madame Élisabeth, s’installa alors au premier étage du pavillon de Flore. Elle y fit venir plusieurs pièces de son mobilier privé, disséminé notamment à Versailles et au château de Montreuil. Parmi elles, cette bergère, qui garnissait le cabinet de l’entresol du pavillon. Lors d’une vente révolutionnaire, en 1794, elle fut acquise par la famille N. L. de C., qui l’a conservée jusqu’à ce jour. Si elle ne porte aucune estampille, une attribution à Jean-Baptiste-Claude Sené semble s’imposer au regard de sa qualité, sachant également que le menuisier a largement collaboré à l’ameublement pour la sœur de Louis XVI du château de Montreuil, en 1788. Une structure élégante, des consoles d’accotoirs détachées, un décor épuré en frise à motifs de feuillages et de perles : voici les caractéristiques qui ont fait de Jean-Baptiste-Claude Sené l’un des menuisiers les plus prodigieux de la fin du XVIIIe siècle. Il confie par ailleurs le travail de sculpture à des artistes de qualité, notamment à Pierre Laurent, qui pourrait être l’auteur du décor de cette bergère. Sous l’impulsion de l’intendant général des meubles de la Couronne, Thierry de Ville-d’Avray, Sené participa aux commandes les plus prestigieuses de 1785 à 1791, qui avaient pour but de renouveler en grande partie le mobilier des demeures royales et d’imposer le nouveau style à la mode. À son actif, on recense des commandes pour Versailles, pour le cabinet du roi à Compiègne, pour son salon de jeu à Fontainebleau, pour la chambre de la reine Marie-Antoinette, et enfin pour Saint-Cloud, toujours en faveur du couple royal.