Un éléphant à la manufacture de Beauvais
Si les tapisseries de la tenture des Grotesques tissée à la manufacture de Beauvais apparaissent régulièrement, rare toutefois est celle représentant l’éléphant.

Estimation : 20 000/30 000 €
Notre exemplaire est en bon état de conservation, et ses couleurs d’origine, fraîches. C’est à la manufacture royale de Beauvais que l’on doit cet ensemble dit des Grotesques, tissé de 1688 à 1737. Les cartons, œuvre de Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699), sont inspirés de Jean Bérain (1640-1711), dessinateur de la chambre et du cabinet du Roi. Il se compose de six tapisseries, agrémentées de neuf bordures différentes, à fond tabac d’Espagne ou fond jaune : l’Offrande à Pan, l’Offrande à Bacchus, les Musiciens, le Dromadaire, le Dompteur et l’Éléphant. Ces trois dernières, horizontales, sont parfois dissociées ou adaptées selon la demande, puisqu’elles répondaient aux présents diplomatiques mais aussi aux demandes des marchands tapissiers de Paris, Leipzig et Ratisbonne. Un exemplaire identique au nôtre mais avec une riche bordure de chinoiseries et grotesques est conservée au Metropolitan Museum de New York. On sait que trois séries de grotesques au moins furent livrées à la famille royale, dont une première en 1696 pour le service de Marly et une autre pour le comte de Toulouse – fils légitimé du Roi-Soleil – pour son château de Rambouillet. Le thème de l’éléphant est apparu dès l’époque médiévale dans des écrits – de savants, de voyageurs… –, des fresques, des sculptures, sur des globes ou des tableaux. En 1668, l’un de ces animaux, venu du Congo, fait son entrée en France, cadeau du roi Pierre II du Portugal à Louis XIV. Gageons que les amateurs auront la sagesse d’apprivoiser celui-ci…