Paul Jouve en Algérie
Précieusement conservée depuis plus d’un siècle dans la famille de Charles Jonnart, gouverneur en Algérie, cette toile illustre un pan moins connu de la carrière du peintre animalier.

Estimation : 20 000/30 000 €
Ses félins alliant puissance et élégance comptent parmi les œuvres les plus recherchées sur le marché par les collectionneurs d’art animalier. Il faut dire qu’ils évoquent immanquablement l’ouvrage célébrissime de Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle, que Paul Jouve illustra dans une édition de 1919 devenue mythique. Point de panthère dans cette toile hardiment colorée, mais une fillette à cheval et son chien, accompagnés d’un cavalier targui qui semble veiller sur eux. Dans cette peinture, l’artiste a privilégié l’impression de grandeur, de beauté et de majesté de l'homme issu du peuple nomade du Sahara, qui regarde d’un œil protecteur l'enfant vêtu d’or et de rouge. Les deux chevaux blanc et noir, aux riches harnachements, forment un heureux contraste tandis que la présence du chien ajoute à cette anecdote du quotidien saisie par Paul Jouve. Oui, cette œuvre réalisée vers 1908, lors de son séjour en Algérie suite à l’obtention d’une bourse du gouvernement général, est atypique dans le corpus de l’artiste. Premier pensionnaire de la villa Abd-el-Tif à Alger, ce centre artistique fondé à l’image de la villa Médicis afin de renforcer les liens culturels entre la France et l’Algérie, il y rencontre la fille de Maxime Noiré, Annette, qui deviendra son épouse. Elle lui fait visiter le Sud algérois et la région de Bou-Saada : cette expérience est une véritable révélation pour Jouve, celle d’un pays, de ses habitants, de ses paysages et de sa faune. « La vérité, je l’ai trouvée dans le Sud », avouait-il. Il séjourna durant deux années en Algérie, revenant de temps en temps en France et en Europe, notamment à Anvers et Amsterdam, où il visita les zoos. D’une escapade, il rapporta en Algérie une Panthère couchée au fusain, qu’il offrit en 1908 au gouverneur général d'alors Charles Jonnart, donnée par la suite au musée national des Beaux-Arts d’Alger. Notre toile affiche cette même provenance, mais a quant à elle été conservée dans la descendance du gouverneur jusqu’à nos jours.