La figuration, de van Goyen à Combas, en passant par Buffet
Réalisée en 1955, cette peinture signée Bernard Buffet appartient à une série d’une dizaine de portraits de collectionneurs chers à l’artiste.

Estimation : 120 000/150 000 €
Paysages et natures mortes de Bernard Buffet sont omniprésents sur le marché ; ces thèmes seront d’ailleurs également représentés lors de cette vente avec la présentation d’une toile de 1998, Fleurs sur fond vert, estimée 75 000/100 000 €, et d’une autre de 1975 montrant les Environs de Cher, le chêne vert en automne, parc du château de Vieille-Ville (65 000/85 000 €). Mais les portraits sont bien plus rares. Aussi celui de Monsieur Hervé Ségard devrait-il attirer bien des regards. Il appartient à une série d’une dizaine de portraits réalisée en 1954 et 1955 de la propre initiative du peintre, et non suite à des commandes, afin de rendre hommage à divers collectionneurs l’ayant soutenu dans sa jeune, mais déjà fort prometteuse, carrière. Rappelons que Buffet n’a que 27 ans en 1955. Cela fait neuf ans déjà qu’il a présenté son premier tableau, en 1946 à la galerie des Beaux-Arts, un autoportrait. Dès l’année suivante, il organise sa première exposition personnelle à la galerie Drouant-David, et un an après, signe un contrat avec le galeriste Emmanuel David, plus tard partagé avec Maurice Garnier. Pierre Descargues lui a consacré un ouvrage en 1949. En 1955, Buffet remporte le vote lancé par le magazine Connaissance des arts sur les meilleurs peintres de l’après-guerre. Même sombre et provocateur, son style figuratif, à l’opposé de la mode pour l’abstraction, a dû lui attirer les suffrages. Personnage attachant et mondain, Buffet a séduit de nombreux collectionneurs. Ainsi parmi la dizaine de cette série de 1955 figuraient notamment Jérôme Bungener, Christian Dior, Jean Masurel, Charles Im Obersteg et Hervé Ségard. Ce dernier était un industriel belge, père de Diane Venet, femme de l’artiste contemporain Bernar Venet. À la différence de ses premiers portraits, tel celui, célèbre, de Pierre Bergé en 1950, s’amorce avec ces œuvres une évolution vers la couleur, mais aussi vers des effets plus décoratifs, à l’image de ce fond de tapisserie vert à fleurs rouges, que l’on retrouve dans tous les portraits de la série et dans quelques autres d’anonymes, comme La Femme au verre de vin. Un brin de frivolité et de douceur, qui lui va finalement très bien…



