Gustav Klimt, prolifique dessinateur
Que ce visage vous dise quelque chose n’a rien d’étonnant. C’est celui de Fritza Riedler et notre feuille figure parmi la vingtaine d’œuvres préparatoires du portrait peint de la dame, conservé au musée du Belvédère à Vienne.

Estimation : 40 000/60 000 €
Corps de profil, buste et épaules de trois quarts, visage de face, notre dessin préfigure la peinture définitive, même si le modèle possède une étole en boa et une robe à motifs «Sécession» qui disparaîtront au profit d’une tenue à volants couleur eau-de-Nil. Hiératique, cette figure n’en est que plus majestueuse. Vingt dessins de Gustav Klimt, au crayon bleu ou à la mine de plomb, figurant la jeune femme tantôt debout, tantôt assise, sont connus, qui ont précédé le tableau, l’un des premiers de toute une série de grands portraits représentatifs et de format carré (153 x 153 cm) et celui dans lequel il expérimente l’usage de l’or et l’argent. Figure emblématique de la Sécession viennoise, Klimt est l’auteur d’à peine 200 tableaux, dont les portraits – féminins essentiellement – ne constituent qu’une petite partie. Symbolique et sublimée, érotique et séductrice, la femme constitue l’un de ses sujets de prédilection. Fritza Riedler (1860-1927) est assise dans un fauteuil imposant, une sorte de trône au motif inspiré de l’œil oudjat, un symbole protecteur dans l’Égypte ancienne, dont le relief épouse les plis de sa robe. Ses joues roses, sa chevelure noire, ses sourcils sombres mettent en valeur sa peau claire. Jeune femme de la haute société viennoise, Fritza, née Friederike Langer, est l’épouse d’Aloïs Riedler, ingénieur mécanicien fortuné. La rencontre entre le peintre et son modèle remonte probablement à 1904, époque à laquelle Klimt réalise ses premières esquisses. Le tableau, peint à Vienne, est présenté lors d’une exposition à Mannheim en 1907, avant d’être terminé. Un procédé habituel chez l’artiste qui montre au public des œuvres non achevées puis les retravaille. Il fallait, paraît-il, parfois les lui arracher de force pour qu’il cesse de les retoucher…