Un air d'Italie
Dès le premier numéro, L’Homme à la plume dessiné par Adriaen Van Ostade, le ton de cette vente est donné : célèbres signatures et grands classiques de l’art ancien sont au rendez-vous.

Giovanni Domenico Tiepolo (1727-1804), Polichinelle examine un centaure, plume et encre brune, lavis brun sur traits à la pierre noire, signé «Dom° Tiepolo f», n° 60, 29 x 41 cm.
Estimation : 100 000/150 000 €
Si cette première feuille sera accessible autour de 3 500 €, d’autres nécessiteront un budget bien plus conséquent. Giovanni Domenico Tiepolo sera ainsi présent en force avec les deux dessins reproduits, semblant faire référence à l’épisode mythologique de l’enlèvement de la nymphe Déjanire par le centaure Nessus, tourné en dérision par l’artiste avec l’intervention de ses polichinelles. Les feuilles proviennent de l’ancienne collection Richard Owen, qui parvint à réunir cent-deux scènes de carnaval dessinées par l’artiste, exposées au musée des Arts décoratifs en 1921. Une exceptionnelle série, malheureusement non documentée à l’époque et démembrée pour sa revente. Les musées, essentiellement américains, en profitèrent pour se partager la plupart de ces chefs-d’œuvre. Retrouver deux feuilles sur le marché est donc remarquable. L’Italie sera évoquée de bien d’autres manières. Après la fantaisie raffinée de Venise, l’héritage antique de la Sicile sera évoqué par le pont en ruine, dit «de Jules César», peint par Nicolas-Antoine Taunay à l’occasion de son périple italien, entre 1784 et 1787 (10 000/15 000 €). En cette époque de Grand Tour, le pittoresque fait recette, les monuments fascinent et l’Antiquité est plus que jamais au goût du jour. L’emblématique Hercule Farnèse – célèbre réplique d’une statue athlétique créée par Lysippe à la fin du IVe siècle –, fait ainsi partie des reproductions de bronze les plus recherchées depuis le XVIIe siècle. Celles-ci connaissent un nouveau développement à Rome vers 1780, avec la production de copies en taille réduite, plus accessibles aux voyageurs, à laquelle participe Giacomo Zoffoli. En témoigne un héros des douze travaux mesurant une trentaine de centimètres, à rapprocher du travail du fondeur (25 000/30 000 €).

dans la feuille suivante, alors que la nymphe semble sauter de joie… Bien que les œuvres portent respectivement les numéros 58 et 60, ceux-ci ne correspondent pas à un classement. Pour comprendre ces scènes, il faudrait pouvoir reconstituer l’album Divertimento per gli ragazzi, aujourd’hui éclaté en un puzzle dont ces dessins constituent deux pièces insignes.


