Attribué à Gerrit Jensen à Londres
Promis à la plus haute marche du podium d’une dispersion classique, ce cabinet marqueté, aux dimensions aussi imposantes que son décor, est attribué à Gerrit Jensen.

Estimation : 150 000/200 000 €
Si la vogue pour les cabinets ornés de pierres dures semble un peu passée en France, en cette fin de XVIIe siècle, elle séduit toujours outre-Manche. Pour preuve, ce cabinet réalisé dans les années 1700-1725, probablement par Gerrit Jensen, ébéniste d’origine hollandaise ou flamande, actif à Londres entre 1680 et 1715 — inventeur de ce décor appelé seaweed, et le seul à utiliser le métal dans ses marqueteries. S’inspirant du style mis à la mode en France par Pierre Gole, Daniel Marot et André-Charles Boulle, Jensen instaure le style anglo-hollandais, renforcé par l’arrivée au pouvoir de Guillaume III d’Orange-Nassau et de son épouse Marie. Comme en Hollande, on aime les belles surfaces lisses, les placages aux couleurs chatoyantes, tels le noyer, le faux ébénier, l’acacia, le gaïac, permettant des décors en coquille d’huître ou en arabesque, ou seaweed, c’est-à-dire comparable aux algues… L’aspect architectural avec colonnes et niches à secret rappelle les modèles florentins en circulation depuis le XVIe siècle, le décor de pierres dures celui des productions de l’opificio delle pietre dure («atelier des pierres dures») fondé par Ferdinand Ier de Médicis, troisième grand-duc de Toscane. Notre meuble s’orne d’un second type de marqueterie appelée paesine, du nom d’une variété de calcaire des Apennins dont les nombreuses fissures et inclusions lui donnent, une fois poli, un aspect ruiniforme et lui valent le nom de «marbre florentin».