Dinet, chantre de Bou Saâda
Dès son premier voyage en 1884, Étienne Dinet est séduit par Bou Saâda, la «cité du bonheur». Il y reviendra plusieurs fois avant d’y acquérir une maison en 1905, relatant dans sa peinture le quotidien et les fêtes de la population de cet oasis.

Estimation : 200 000/300 000 €
Après s’être converti à l’islam, Nasr ad Dine de son nouveau nom fait édifier à Bou Saâda, en 1925, une qubba pour abriter sa future tombe ; quatre ans plus tard, avec Sliman ben Ibrahim, il effectue le pèlerinage à La Mecque. Profondément attaché à la culture, aux traditions algériennes et à l’islam, il note les fêtes de cette cité des monts des Ouled Naïl au pied de l’Atlas saharien. Comme, pour cette peinture, celle de l’Aïd el-Fitr qui marque la fin du jeûne du Ramadan. La journée est marquée par les prières et les repas, les cadeaux offerts aux enfants. L’homme a revêtu ses plus beaux habits, il tient à la main son livre de prières ; son large sourire marque sa joie. Les fillettes se pressent autour de lui, tendant leurs mains qui s’agitent tel un ballet. Les gestes théâtraux, les visages envieux et rieurs des petites filles, sans oublier l’homme qui s’amuse de cette situation, assurent la dynamique de l’action et son intensité scénique. Mais au-delà de la représentation d’un instant festif dans un village du Sud, le flamboiement coloré de la palette impressionniste traduit le mysticisme de Dinet, donnant une sorte de représentation du paradis qui serait baigné de la fraîcheur des oasis du sud algérien et de la forte lumière solaire des marches du désert. Certaines œuvres, jugées trop dénudées, ont été brûlées lors des années noires qui ont secoué l’Algérie. Le plus important reste une réalité incontestée : Dinet ou ad Dine avait réussi à porter ces scènes villageoises au rang d’œuvres d’art universelles et intemporelles.