Bibliothèque Pierre Berger, acte V
Shakespeare, Tolstoï, Descartes et Montaigne… cette assemblée choisie compose, avec un monument de la littérature médiévale, le cinquième volet de la bibliothèque Pierre Bergé.

Estimation : 20 000/30 000 €
Perle de la littérature poétique du Moyen Âge, Le Roman de la rose (voir ci-dessus), commencé au XIIIe siècle par Guillaume de Lorris et achevé au siècle suivant par Jean de Meung, se compose de 22 000 vers octosyllabiques. Si la première partie raconte le songe du poète voyant dans son verger une rose qu’il lui est interdit de cueillir – image de la femme aimée que l’on ne peut obtenir qu’après mille épreuves –, celle de Jean de Meung est une encyclopédie du temps où s’entremêlent ses dissertations contre les nobles et le clergé. Cet exemplaire, imprimé par Le Petit Laurens pour Jean Petit et orné de 87 vignettes gravées sur bois, est l’un des sept connus – et localisés – dont deux sont aux États-Unis (celui de la Morgan Library étant réputé incomplet). Voilà qui devrait attiser les convoitises… Assortis de la même estimation, une édition originale du Discours de la méthode, premier ouvrage publié de René Descartes (Leyde, 1637) rappelle combien l’auteur signait là l’acte de naissance de la philosophie moderne, tandis qu’un exemplaire en vélin doré des Essais (Paris, 1595) de Michel de Montaigne (1533-1592) ayant appartenu à l’imprimeur-libraire Jean Dessain (avec son ex-libris), comporte au moins seize corrections autographes de Marie de Gournay, «fille d’alliance»de l’auteur. Précieux aussi, un exemplaire de la quatrième édition des Œuvres de William Shakespeare se distingue de la précédente par son plus grand format et sa silhouette plus élégante. Un atout non négligeable quand on sait que la plupart des volumes de la troisième édition furent détruits pendant le grand incendie de Londres en 1666 (40 000 €). Dans un tout autre genre, enfin, on a retenu les précieuses épreuves corrigées de l’article polémique de Léon Tolstoï sur la famine de 1891, O Golode (Moscou, 1892). Interdit de publication sur ordre d’Alexandre III, l’article parut dans le Daily Telegraph en janvier 1892 et devint un livre traduit en français l’année suivante, destiné à alerter l’opinion européenne (20 000/30 000 €). Un précieux document…