Le Gray, anonyme célèbre
Cette rarissime image de Le Gray a été réalisée en 1851 par son élève Auguste Mestral. C’est la deuxième épreuve connue de cet Autoportrait du célèbre photographe.

: 140 000/180 000 €
Une première épreuve de cette photo, proposée le 19 mars 2015 à Drouot par Pierre Bergé & Associés, avait trouvé preneur à 500 500 € et pris le chemin de l’étranger. Celle mise aux enchères dans quelques jours paraît estimée raisonnablement, compte tenu du large manque en pied, atteignant la pointe de la veste du modèle. Gustave Le Gray pose dans le cloître de l’église abbatiale Sainte-Marie d’Arles-sur-Tech, dans les Pyrénées-Orientales, lieu de pèlerinage fréquenté par les habitants de la région. Il est en costume de ville, avec guêtres, sous des arcades gothiques, et joue de l’opposition patrimoine/modernité. Les aplats sombres dialoguent avec les touches de lumière, et même s’il place sa tête dans l’ombre, Gustave Le Gray, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance, est reconnaissable. Réalisée en 1851 durant la mission héliographique, cette image constitue, avec le portrait de Deux personnages de type catalan posant dans ce même lieu, une parenthèse presque intimiste. S’écartant du cahier des charges de la commande publique, elles ne furent bien évidemment pas présentées à l’administration. Elles sont d’ailleurs les seules œuvres à offrir une présence humaine. Cette année-là, Le Gray est sélectionné, avec Hippolyte Bayard, Henri Le Secq, Édouard Baldus, et Auguste Mestral, son élève, pour participer à cette mission commanditée par la commission des Monuments historiques (créée en 1837 au ministère de l’Intérieur et dirigée par Prosper Mérimée) pour dresser l’inventaire des édifices les plus remarquables nécessitant des restaurations urgentes, ainsi que ceux sur lesquels les travaux sont déjà en cours, parmi lesquels le cloître de Notre-Dame du Puy, les remparts de Carcassonne, que l’on vient de confier à Viollet-le-Duc, ou le château de Blois. Notre homme devait cheminer de Paris à Poitiers, Mestral d’Angoulême à Clermont-Ferrand en passant par Perpignan, Albi et Cahors. Ils jugèrent plus utile et plus agréable de voyager ensemble depuis Paris en juillet 1851.