Mai-Thu, l’amour du travail bien fait
Le point commun entre cette peinture sur soie de l'artiste vietnamien Mai-Thu et une impressionnante plaque en ivoire sculptée au XIXe siècle ? Une technique parfaitement maîtrisée.

Estimation : 50 000/60 000 €
Les collectionneurs le savent, la cote du peintre vietnamien Mai-Thu est au beau fixe ! Pour preuve, le 27 octobre dernier à Toulouse, l’adjudication à 231 250 € de l’encre et couleurs sur soie Jeunes filles au miroir, mais aussi les prix enregistrés en Asie ces derniers mois. Des résultats qui le consacrent parmi les peintres de son pays les plus recherchés. Son secret ? Une peinture douce et harmonieuse décrivant des scènes de la vie quotidienne dans un Vietnam rêvé. Une manière reconnaissable entre toutes, qui doit également beaucoup à la technique sans faille de cet artiste fidèle à la peinture sur soie, dont il a lui-même mis au point un procédé de lavages et frottages successifs, expliqué lors d’un film qu’il a réalisé en 1948-1949 et présenté à plusieurs reprises à la Cité universitaire de Paris et au musée de l’Homme. Lorsqu’il signe cette composition, en 1942, Mai-Thu a quitté son pays depuis déjà cinq ans. Mais la guerre le rattrape et, en homme de conviction, il s’engage comme volontaire en 1940. Il sera démobilisé en 1941 et passera quelque temps à Mâcon avant de reprendre rapidement le cours de sa carrière, déjà très prometteuse. Celle-ci se déroule à Paris, mais aussi à Alger, où il est invité à exposer en 1942 par le gouverneur général, avec son ami et compatriote Lé Phô. Loin de la tendresse de ces Deux sœurs, et annoncée pour sa part à 15 000/25 000 €, une plaque en ivoire, sculptée probablement à Dieppe dans le dernier tiers du XIXe siècle, développe sur 133 cm de largeur et 36 de hauteur une impressionnante scène de guerre. Cette dernière ne nous est pas inconnue puisqu’il s’agit de la Bataille d’Arbelles, représentée dans le tableau de Charles Le Brun conservé au musée du Louvre. On y voit les armées d’Alexandre le Grand et du roi perse Darius III se faire face. La violence des combats est parfaitement rendue par le mouvement et la profondeur des plans donnés à la matière par le sculpteur. Ce dernier, au talent certain à la vue des expressions différenciées de chaque personnage, mériterait d’être identifié !