L’ivoire, en odeur de sainteté
Un plat de reliure du IXe siècle et un autel du XIXe siècle en hommage à Jeanne d’Arc mettent l’ivoire sous les projecteurs.

Estimation : autour de 100 000 €
C’est toute l’histoire de Jeanne d’Arc, qui est évoquée par cet autel de belle taille, sculpté dans l’ivoire au XIXe siècle. Elle est résumée par les épisodes clés de son épopée. La scène principale, en registre inférieur, la montre ainsi en jeune bergère au milieu de ses moutons, agenouillée face à la vision de la Vierge et du Christ en croix. Au-dessus trône sa statue en armure. Brandissant à l’origine une épée et une oriflamme, la guerrière est mise en valeur par une arcature à pilastres ornée de mascarons grotesques, sommée par des armoiries associant deux fleurs de lys séparées par la lame d’une épée couronnée. La Pucelle d’Orléans est encadrée par les effigies des Renommées accompagnées de putti. La richesse et la qualité de la sculpture – feuillages et têtes de lions, chutes de trophées et armoiries soutenues par un ange composent également son décor – plaident en faveur d’un travail dieppois. C’est dans ce port de Normandie, que débarquait l’ivoire venu d’Afrique. Dès le XVIIe siècle, la ville a ainsi acquis une bonne réputation dans le travail de ce matériau précieux. Au XIXe siècle, elle réalise encore des sculptures qui sont des chefs-d’œuvre de précision. Un autre bel objet, toujours dans la même matière, une rare plaque de reliure carolingienne sculptée au IXe siècle, est à l’honneur (voir l'article Un ivoire de la renaissance carolingienne de la Gazette n° 40, page 26). Son thème principal est l’entrée du Christ dans Jérusalem. La rareté de certaines représentations, et la manière de les figurer, relance le débat sur la production des centres ivoiriers carolingiens. Plusieurs éléments de son iconographie sont à mettre en rapport avec une plaque de reliure conservée à la cathédrale de Nancy, et deux autres conservées au Victoria and Albert Museum de Londres et au Metropolitan Museum de New York.