Loiseau, le paysage sensible
Cette vue enneigée d’une commune des bords de Seine témoigne des recherches postimpressionnistes de l’artiste.

Les bords de Seine, mais aussi de l’Oise, de l’Eure ou encore du Loing, n’ont eu aucun secret pour Gustave Loiseau. Après avoir passé son enfance à Pontoise, il était revenu s’installer dans la ville, où il est resté plus de trente ans. Il était ainsi aux premières loges pour observer les cours d’eau environnants. Loiseau, qui a exposé aux côtés des postimpressionnistes chez Durand-Ruel et Le Barc de Bouteville, de 1890 à 1896, n’a en effet eu de cesse de sillonner les paysages d’Ile-de-France et de Normandie, de Paris jusqu’au Havre. À toute heure du jour, il recherche les effets atmosphériques créés par les nuages et la brume légère, et étudie les modifications de la lumière à chaque saison. Comme Monet, il réalise des séries, représentant les multiples variations qui s’opèrent sur un même motif. L’hiver l’a inspiré à de nombreuses reprises. Il livre ici un paysage givré, dont la neige uniformise les teintes dans un camaïeu de bruns et de beiges plongeant La Seine à Triel-sur-Seine dans une atmosphère feutrée, presque crépusculaire. Dépourvues de poudreuse, que la superposition des touches de matière contribue à rendre palpable, les verticales plus sombres des murs scandent la composition et lui confèrent sa profondeur.