Émile-Desiré LIENARD (1842-?) Lot n° 36

Passants rue des Gobelins, au bord de la Bièvre, quartier des tanneurs, 1896 Huile sur toile, signée et datée en bas à droite. 46 x 38 cm. La Bièvre prend sa source à Guyancourt et se jette dans le collecteur principal des égouts de Paris. Deuxième rivière parisienne, elle entrait autrefois au niveau de la Poterne des Peupliers, traversait les actuels 13e et 5e arrondissements et se jetait dans la Seine au niveau actuel de la gare d'Austerlitz. L'usage de ce cours d'eau commença au XIe siècle. Plusieurs moulins à eau furent construits à ses abords. En 1336, un décret imposa aux tanneurs, teinturiers, mégissiers installés à Paris en bord de Seine (le nom de quai de la Mégisserie en garde le souvenir) de jeter leurs déchets dans la Bièvre. Cela provoqua une migration de ces activités vers les faubourgs Saint-Marcel, Sainte-Geneviève, Saint-Médard, affranchis des taxes parisiennes. Ils rejoignirent les nombreux bouchers déjà installés. Vers 1440, le teinturier Jean Gobelin ouvrit un atelier de teinture réputé pour ses couleurs rouges à l'écarlate. Louis XIV expulsa les tanneurs, mégissiers et teinturiers subsistant au centre de Paris notamment vers le quartier Saint-Marcel. En 1663, fut créée la Manufacture Royale des Meubles et Tapisseries de la Couronne, dite des Gobelins. Le quartier connut une urbanisation rapide. La source d'eau potable se transforma rapidement en un cloaque, potentiellement vecteur d'épidémies. Les tanneries, qui traitaient les gros cuirs et les peaux de bovins, comptaient parmi les principaux pollueurs. Les peaux étaient trempées dans un bain de chaux, lavées à grande eau, empilées, couvertes de tan, puis mises à sécher sur des lattes de bois, fixées sur les murs des bâtiments. Les travaux d'assainissement et d'urbanisation du baron Haussmann furent à l'origine de l'enfouissement de la rivière. Elle est entièrement recouverte à Paris depuis 1912.