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Lot n° 3

Georges AURIC (1899-1983)

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Lettre autographe signée à Jean Cocteau, au crayon. «117° - 27° comp. 3° unité 1ère section, 2e escouade», [Le Mans, 25 mai 1918]. 4 pages in-12, avec enveloppe (cachets postaux). Très belle lettre de jeunesse, écrite durant la Première Guerre mondiale. «Jeudi - «sieste obligatoire» et le soldat 17.317 faisant le dormeur en restant éveillé vous envoie ces quelques mots de ma caserne où les épidémies de diane se propagent suivant leur rhytme [sic] éternel. La vie - a recommencé - avec le sac, le ceinturon, les grappes de cartouchières et le fusil à tuer les allemands. Marches sur les routes de la Sarthe [...]. Je m'attends à vous, désillusions, mais il doit faire moins chaud à Biskra. A trois avec M. Joanne, on serait si paisibles, et Nathanaël [de Gide] serait bien vite jeté dans le premier puits de la première auberge. Quand vous retrouverais-je mon ami!». Il évoque ensuite la mort d'un ami de Cocteau, Jean le Roy: «je n'ai pas réalisé ce qu'il fallait en dire. On vit dans l'Absurde et l'Absurde est toujours atroce et criminel. Nous sommes plus perméables que n'importe qui à ce grand orage qui crève tout. Je ne vous dirai pas qu'il faut être fort [...]. Notre force c'est de pouvoir pleurer et il y a des agonies qui sont les plus grandes choses du monde. Il faut donc pleurer et agoniser mais il y a pour nous un tombeau et des anges pour nous garder et une résurrection avec du soleil et des cloches. Il va falloir revivre [...]. Il n'y a rien à changer à votre destin, que je sais mieux que le mien [...]. Pensez à notre avenir de musique franche et de lyrisme pur. Je sens des sources en moi (et cela n'est pas de l'orgueil imbécile). Je voudrais pouvoir vivre comme vous [...]. Peut-être ferons nous quelque chose je ne sais quand, afin de ne pas nous mentir à nous-mêmes. Écrivez vos lettres, ici, ce sont presque les seules clartés».

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