HERGÉ (Georges Remi dit)
1907-1983
Tintin en Amérique
Encre de Chine, mine de plomb, crayon bleu et gouache correctrice pour la couverture de l’édition dite «grande image» de 1942 de l’album Tintin en Amérique. Dessin repris pour la couverture de l’édition couleurs de 1946. Accompagné de son certificat du Comité Hergé. Inscription au crayon bleu en bas à gauche. Croquis à la mine de plomb au verso. Encadré.
Une petite déchirure marge supérieure ne touchant pas le dessin. Excellent état.
52,30 × 36 cm
Bibliographie:
- Pierre Goddin, Hergé - Chronologie d’une œuvre, tome 4, 1939-1943, éditions Moulinsart, Italie, 2003, reproduit sous le n° 073 page 240/420 (coll. particulière).
- Centre Pompidou, Hergé, catalogue d’exposition, éditions Moulinsart-Centre Pompidou, 2006, reproduit page 486 (collection particulière); commissaires d’exposition: Laurent Le Bon, conservateur au Musée national d’art moderne et Nick Rodwell, administrateur délégué des Studios Hergé.
- David Rosenberg & Pierre Sterckx, Vraoum! Trésor de la Bande dessinée et art contemporain, éditions Fage - La Maison rouge, 2009, reproduit page 45 (collection privée).
Expositions:
- La Maison rouge, Vraoum! Trésor de la bande dessinée et art contemporain, 28 mai-27 septembre 2009, Paris.
- Espace Muséal Arlaud, Les Aventures de la ligne claire, 7 au 23 septembre 2010, Lausanne, Suisse. Exposition organisée par BD-Fil, le festival international de la BD de Lausanne.
L’Amérique des années 30 racontée par Hergé est une course de vitesse : Chicago, ses buildings, ses gangsters et ses distilleries clandestines ; l’Ouest ou ce qu’il en reste, quelques rares cow-boys en costume d’époque et des Indiens belliqueux ; du pétrole comme s’il en pleuvait, des villes qui surgissent comme par miracle au milieu de la plaine, et des milliers de dollars proposés en échange d’une signature ou d’une promesse. En voiture, à cheval ou en train, Tintin et Milou ne s’arrêtent jamais.
Mais en 1942, pour le dessinateur, ces années-là, même si elles furent particulièrement divertissantes et instructives, appartiennent au passé : les choses doivent changer s’il veut que les Aventures de Tintin conquièrent un nouveau public.
Les albums en noir et blanc de plus de cent pages, les « petites images » pleines de charme et les dos toilés rouges, qui symbolisent si bien cette décennie et les premières aventures du reporter du Petit Vingtième, ne correspondent plus vraiment aux attentes d’Hergé et de Casterman, son éditeur depuis 1934 et Les Cigares du Pharaon.
Il est temps de passer à la couleur, et de proposer un nouveau format de soixante-deux pages — un choix opportun alors qu’il devient de plus en plus difficile de se procurer du papier. Cette initiative va s’avérer décisive, car elle va relancer les ventes. Mais pour le moment, ce sont surtout les strips du Soir qui, au quotidien, permettent de maintenir le lien avec les lecteurs, et il ne faudrait pas que leur intérêt pour Tintin s’estompe, ce qui pourrait arriver si on ne leur proposait pas régulièrement des nouveautés, et si les albums déjà parus — réimprimés autant qu’il était possible de le faire en cette période — n’étaient pas suffisamment présents chez les libraires.
Avant la publication de L’Étoile mystérieuse, Casterman, qui, comme Hergé, a le sens du marketing, décida de rééditer les huit premiers titres en noir et blanc (de Tintin au Congo jusqu’au Crabe aux pinces d’or), avec quatre hors-texte en couleurs, avec toujours Tintin qui sur le quatrième plat demande « … Et ces albums-là les connaissez-vous ?… », et surtout avec huit nouvelles couvertures : non plus des « petites images », mais des illustrations grand format, à pleine page, dans lesquelles viendra s’insérer le titre (avec un lettrage noir ou blanc) de l’album en question.
Il s’agit donc de la dernière édition en noir et blanc, dite « grande image », qui sera commercialisée en octobre 1942 (chaque album étant tiré à 5 000 exemplaires, sauf Les Cigares du pharaon et Le Crabe aux pinces d’or), et qui sera rapidement épuisée — Hergé et Casterman avaient vu juste. L’Étoile mystérieuse, premier album à être publié directement en couleurs, arrivera en décembre.
Le perfectionnisme d’Hergé est pour beaucoup dans la réussite de ce projet : l’impact visuel est nettement plus fort qu’auparavant ; lorsqu’on regarde l’album et l’effet produit par un tel dessin, le résultat est impressionnant. À l’exception des Cigares du pharaon et du Sceptre d’Ottokar, ces illustrations seront réutilisées pour les couvertures des rééditions en couleurs des mêmes albums. En 1946, les lecteurs découvriront ainsi la nouvelle version de Tintin en Amérique.
Hergé montre bien qu’il a tourné la page, que l’époque du Petit Vingtième est désormais loin derrière lui : nous ne sommes plus en 1931, avec la première édition en noir et blanc de Tintin en Amérique — celle des éditions du Petit « Vingtième » —, ni en 1937 avec la réédition Casterman et la nouvelle illustration réalisée pour l’occasion
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