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Lot n° 273

Portrait de Zaga Christ (?-1638), d'après Giovanna...

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Portrait de Zaga Christ (?-1638), prince éthiopien (Sägga Krastos) Aquarelle et gouache sur papier vergé (pas de filigrane visible), format rond. D. 5,2 cm. Historique Fascinante redécouverte d’une copie du tout premier portrait identifiable réalisé ad vivum, en Europe, d’un homme noir. L’exemplaire original de ce portrait, dû à Giovanna Garzoni, peintre attachée à la cour de Savoie, appartient depuis 2021 à l’Allen Memorial Art Museum de l’Oberlin College, dans l’Ohio (inv. 2021.21). Réalisé en 1635, sur vélin, il représente Zaga Christ (1610-1638), intrigant personnage qui fit irruption en 1632, au consulat de Venise, au Caire, prétendant être le fils du précédent roi d’Ethiopie, assassiné par son rival Susyenos. Converti au catholicisme par les franciscains, qui y voyaient une occasion de concurrencer l’influence jésuite en Ethiopie, il fut “parrainé” par cet ordre qui finança son long voyage, d’abord à Jérusalem, puis en Europe. Le public européen fit un accueil chaleureux à ce prince venu de loin, issu d’un royaume qui-plus-est chrétien et qui, par conséquent, jouissait de nombreuses sympathies dans l’esprit des élites cultivées. C’est au cours de l’hiver 1634-1635, à la cour de Turin, qu’il fit la connaissance de Giovanna Garzoni, “Miniatrice di Madama Reale” (Miniaturiste de Madame Royale) et qu’elle réalisa de lui ce portrait ad vivum, délicat et digne, qui est un cas sans précédent d’un homme noir représenté dans de riches vêtements européens. Il est hautement probable que l’oeuvre soit une commande du modèle, lequel avait pleine conscience de l’importance d’être “connu par l’image” pour d’attirer de riches soutiens. Il avait également fait copier un manuscrit autobiographique en plusieurs exemplaires, afin de le diffuser. Le portrait terminé, les chemins du prince et de la peintre se séparèrent et Zaga Christ se rendit en France, où Richelieu lui accorda protection. Brièvement emprisonné, en 1637, pour un soupçon d’adultère, il finit ses jours l’année suivante, âgé de 24 ou 28 ans, à Rueil, un des domaines de Richelieu. Son épitaphe, aujourd’hui détruite, mérite d’être citée : Ci-gît le roi d’Ethiopie / Soit original ou copie / Fut-il roi, ne le fut-il pas / La mort a vuidé les débats. L’oeuvre de Garzoni fit ensuite partie de la collection du banquier et collectionneur français Jean Cottin (1680-1745), et c’est probablement à cette période qu’un artiste français en réalisa notre copie, la seule connue à ce jour, qui témoigne du statut exceptionnel de ce portrait, véritable curiosité digne d’être copiée.

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