Jean-Baptiste GREUZE (Paris 1725 - Tournus 1805)
Portrait de Madame de Champcenetz (1742-1805)
Toile ovale.
Signé et daté en bas à gauche Greuze/1770.
67 x 56,8 cm
Provenance :
Collection de Jacques de Reiset, 1874 ; vente Jacques de Reiset, à M. Henri de Greffulhe ; vente Sotheby's,
Londres, 22 juillet 1937, n°62 ; vente au Palais Galliera, Ader Tajan Picard, 7 juin 1974 (sans provenance)
n°21 ; exposé au Palais Bourbon pour l'exposition en faveur de l'OEuvre des Alsaciens-Lorrains, en 1874.
Bibliographie :
Société de protection des Alsaciens-Lorrains demeurés français, Explication des ouvrages de
peinture exposés au profit de la colonisation de l'Algérie par les Alsaciens-Lorrains au Palais du corps législatif
le 23 avril 1874, p.41, n°208 ; Charles Gueullette,«Les Cabinets d'amateurs à Paris. Collection de M. le comte Henri de Greffulhe», dans Gazette des BeauxArts, février-mars 1877, période 2, T. 15, p. 462 à 474 (p.16 à 18 du tiré-à-part), reproduit en gravure par Morse SC, P. 467 ; Mentionné dans Camille Mauclair, Jean-Baptiste Greuze, Paris, L'
Édition d'art, H. Piazza et Cie, 1907 ; Catalogue raisonné de l'oeuvre peint et dessiné de Greuze par J. Martin, Ch. Masson, pp. 66-67, n° 1077.
Née aux Pays-Bas d'une famille noble mais désargentée, notre modèle, Albertine Élisabeth de
Nyvenheim, épouse Gerhard Pater, un riche négociant et propriétaire colonial. Notre portrait date de son
premier séjour avec son mari à Paris. Divorcée, elle devient une femme en vue à la cour de Louis XV, puis
de Louis XVI. Sa beauté et son charme font qu'une intrigue est menée à Versailles pour qu'elle remplace,
auprès du roi, la comtesse Du Barry, favorite en titre.
En 1779, notre modèle épouse le marquis de Champcenetz, gouverneur du château des Tuileries et
de Meudon, s'en sépare, et se retire à Paris où elle loue un magnifique appartement dans le château royal de
Meudon.
Elle hérite d'une partie de la fortune immense de son premier mari, principalement constituée de revenus issus
des mines de diamant et des plantations au Surinam.
Dans les années 1780, elle se lie d'amitié avec les membres de la famille de Polignac et avec le comte de Vaudreuil.
Pendant la Révolution et le Consulat, elle soutient financièrement les émigrés hollandais et la cause royaliste,
espionnant pour leur compte et pour celui des Anglais.
Elle est arrêtée à plusieurs reprises pour ses activités contre-révolutionnaires en 1794 et 1802, est détenue en
prison pendant plusieurs mois et échappe à la guillotine.
Condamnée à l'exil forcé à Fontainebleau, elle y meurt en 1805. «Mme de Champcenetz, représentée à mi-corps, a de
jolis yeux bruns où brillent la finesse et l'enjouement; sa bouche, plissée vers les coins, est spirituelle avec
une nuance d'ironie ; c'est la femme épanouie dans tout l'éclat et dans toute la richesse de sa beauté : une
opulente chevelure ombrage les épaules de ses boucles abondantes ; un peignoir blanc, ouvert sur le devant,
découvre la poitrine jusqu'à la naissance des seins.
Contrairement à ses habitudes, Greuze a soigné toutes les parties de son tableau ; il a fini les moindres accessoires
de la toilette, les plus petits détails du vêtement et, si nous classons le portrait parmi les meilleurs du maître,
c'est qu'il est l'un des plus solides de touche et des plus harmonieux de nuances. J'en signale le relief et la
consistance sans omettre, pour cela, la fraîcheur des tons, le modelé du visage et la transparence des chairs.
En ceci, d'ailleurs, je ne puis mieux faire que d'appuyer mon opinion de celle de Monsieur Mantz qui, dans son
étude sur l'Exposition des Alsaciens-Lorrains, a décrit ce portrait comme l'un des morceaux les plus parfaits
de l'Oeuvre de Greuze.» Charles Gueullette, in La Gazette des Beaux-Arts, op. cit., 1877
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