Gil Jourdan - Les Cargos du Crépuscule Encre de Chine sur papier pour la planche 40 de l'album. 39 x 28 cm. Dupuis, 1961.
Pour rentrer au sein des Éditions Dupuis, le contrat était clair : Tillieux devait lisser le contenu de ses histoires, afin de ne pas heurter les chères têtes blondes qui composaient, selon Charles Dupuis, le coeur du public du Journal de Spirou. Surtout que c'était justement les meurtres, la violence et les atmosphères sombres qui avaient, semble-t-il, condamné le magazine Héroïc-Albums à ne pas passer le stade de la censure française.
Si Tillieux ne peut s'empêcher de se moquer de l'inspecteur Crouton, les premières aventures de Gil Jourdan respectent ce cadre policé. Le bagarreur Félix laisse la place à Gil Jourdan, avocat tiré à quatre épingles et Libellule, l'ex-as de la cambriole, se fait surtout remarquer par son éclat de rire tonitruant. Et malgré le trafic de popaïne dévoilé, le cadre du récit reste assez digne, allant même jusqu'à se situer dans une réception mondaine.
Une fois sa position confortée, Tillieux fait revenir des ambiances plus inquiétantes, qui se déroulent de nuit, où un mystérieux commanditaire peut surgir de l'ombre.
Cette planche traduit parfaitement ce changement d'atmosphère; dans une nuit sombre, nos héros tentent d'arrêter Jo la seringue. De quoi proposer l'une des plus célèbres poursuites de la série, dessinée par un Tillieux au sommet de son art, mêlant les bateaux et les voitures pour mettre avant tout l'accent sur l'action et le suspense.
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