Gazette Drouot logo print
Lot n° 114

PROUST Marcel (1871-1922).

Estimation :
Réservé aux abonnés

Longue L.A.S. [Paris], 26 juin [1918]. 19 pp. in-12 carré. Mention de réponse de Calmann-Lévy datée du 1er juillet 1918. Exceptionnelle et très longue lettre inédite de Marcel Proust, adressée à Gaston Calmann-Lévy, à propos de des Plaisirs et des jours. Proust, sommé par son éditeur de racheter les 1000 exemplaires invendus des Plaisirs et des Jours, fait fermement valoir ses réflexions : Tout d'abord, les ventes n'ont jamais cessé, contrairement à ce qu'affirme Calmann-Lévy, Proust en ayant acheté lui-même 20 exemplaires en tout, pour les offrir (au maître d'hôtel du Ritz, au docteur du Crillon, etc). Ensuite, Madeleine Lemaire a produit « à l'oeil » des centaines de dessins pour cette édition et des aquarelles originales pour un livre de Reynaldo Hahn, préfacé par Anatole France à la demande de Proust et publié dans tous les journaux. Ces actes gracieux ne doivent pas être oubliés. « [...] Si, malgré le don de tant de dessins, le livre fut pour l'éditeur (qui d'ailleurs trouvait à cette époque pouvoir s'en offrir le luxe?) une mauvaise affaire, il le fut surtout pour moi qu'il fit passer pendant tant d'années pour un « amateur ». Dieu merci mon dernier livre a brisé ce mauvais sort. Et au moment où s'ébauche pour moi une réputation littéraire dont ce n'est pas à moi à parler, au moment où les éditeurs m'offrent les conditions les plus belles pour mes ouvrages suivant, votre maison me donnnnnne le choix ou de me déprécier à leurs yeux et de gâcher ces traités, en dépréciant mon oeuvre par l'avilissement de son prix - ou de verser 3000 fr. Et de louer un garde meubles (car vous pensez bien que 1000 volumes de cette dimension sont plus gênant dans un appartement de garçon du boulevard Haussmann que dans vos magasins de la rue Auber). Le moment a d'ailleurs été choisi d'une façon toute particulière : en ce qui me concerne au moment où mes ouvrages à venir (5 volumes) sont annoncés. [...] Vous voulez me retirer l'espace et me réclamer 3000 fr. [...] (je commence à être trop fatigué par cette longue lettre écrite de mon lit pour vous en expliquer les raisons), mais suis trop gêné pour me démunir en ce moment de 3000 fr., et aussi et surtout trop à l'étroit pour loger ces mille volumes. Quant à vos « offres aux libraires », déconsidérant pour moi et évidement plus nuisible que l'achat des exemplaires, je crois malheureusement que je n'ai aucun moyen de vous empêcher de le faire [...] ». Proust dinera le lendemain chez Mme. de Ludre, où il verra son ami Walter Berry qu'il souhaiterai consulter à propos de cette affaire. Il ajoute : « L'édition à 3 f. 50 des Plaisirs et des Jours a été retardée parce que je veux que tous mes « Swann » (c'est un ouvrage de moi) aient paru d'abord et la guerre en rend l'impression plus lente. Il est possible que l'éditeur qui le publiera puisse se servir des caractères, de la composition, de vos Plaisirs et les Jours [...] ». Proust doute que ses explications parviennent à convaincre son correspondant, formule une nouvelle offre, etc. Très longue lettre inédite. Kolb recense uniquement le courrier datée du jour précédent, le 25 juin 1918, adressé au même.

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente