ROUGET DE LISLE (Claude Joseph). Lettre autographe... Lot 15

ROUGET DE LISLE (Claude Joseph). Lettre autographe signée à « monsieur Emellin ». 2 pp. in-12, adresse au dos. « Avec vos mille millions d’affaires, VOUS ETES UN DIABLE D’HOMME QU’ON NE SAURAIT JOINDRE, ET PENDANT CE TEMS-LA JE MACHE A VIDE, ET IL Y A TROP PEU DE TEMS QUE J’EN AI PERDU L’HABITUDE POUR QU’ELLE NE ME PARAISSE PAS BIEN DURE A REPRENDRE. Plaisanterie à part, je n’ai pas le sou : je me proposais d’aller chez vous et voilà que Mr Du Chemin m’annonce que vous partez à cinq heures. Il sait que j’ai donné parole p[ou]r payer demain matin cinq cent livres et je vous conjure de les lui remettre, car je serais au désespoir de manquer à cet engagement. De plus, j’ai absolument besoin pour mon compte et immédiatement d’une centaine de pistoles tant pour mon déménagement et emménagement que p[ou]r différens autres petits objets. Je vous demande en grâce de me les tenir prêts pour demain, car autrement je ne saurais où donner de la tête. Je ne vous dis pas que si vous faites votre voyage, je compte que nous aurons tout mis en règle avant. Vous êtes un gaillard trop rigide avec les autres pour ne pas l’être avec vous-même... » AUTEUR DE LA MARSEILLAISE, CLAUDE JOSEPH ROUGET DE LISLE (1760-1836) mena d’abord une carrière militaire comme officier d’artillerie, fut un temps emprisonné sous la Terreur, et participa en 1795 à la défense du territoire contre le débarquement émigré à Quiberon. Il démissionna de l’armée en 1797 et se consacra à sa passion pour la littérature. Depuis longtemps déjà, il trompait son ennui en écrivant de la poésie et, de 1789 à 1791, avait obtenu un congé qu’il mit à profit pour fréquenter le milieu littéraire et musical parisien. Il s’acquit une grande célébrité par son Chant de guerre pour l’Armée du Rhin, écrit en avril 1792, et qui serait rapidement désigné comme La Marseillaise. Il ne rencontra malheureusement pas le même succès avec ses autres publications et œuvres théâtrales, et connut de grandes difficultés financières, malgré une pension obtenue de la monarchie de Juillet.