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Lot n° 240

RAVEL Maurice (1875-1937).

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MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Maurice Ravel », Deux Épigrammes de Clément Marot, 1899 ; 8 pages in-fol dont 2 titres (34,7 x 27 cm ; relié cartonnage papier bleu, pièce de titre au dos. Deux mélodies pour chant et piano, sur des poèmes de Clément Marot. D'Anne qui me jecta de la neige : « Anne par jeu me jecta de la neige »... 16 mesures, à 7/4 (puis 5/4 ou 6/4), marqué Très lent, le piano devant être joué avec « sourdine ». Signée et datée en fin « Maurice Ravel 10 Décembre 1899 ». Titre et 3 pages. D'Anne jouant de l'espinette : « Lorsque je voy en ordre la brunette jeune, en bon poinct, de la ligne des Dieux »... L'accompagnement au « clavecin ou piano (en sourdine), 23 mesures, à 5/4, marqué Très léger (Ravel a ajouté su crayon « et d'un rythme précis »). Datée en fin : « Décembre 1896 ». Titre et 3 pages (au verso du titre, esquisse au crayon de la 1ère mesure). Le manuscrit est soigneusement noté à l'encre noire sur papier à la marque H. Lard Esnault Ed. Bellamy Sr Paris à 16 portées. Les titres sont calligraphiés à l'imitation de lettres d'imprimerie (la 2e en grandes lettres capitales). « L'archaïsme de cette musique nouvelle sera encore une manière de réagir contre le flou des écritures filandreuses. Le choix même d'un tel texte nous avertit surtout d'orientations esthétiques fructueuses puisque, dès ses vingt et un ans, Ravel se montre donc attentif au long et lent mouvement de découverte de la poésie baroque et pré-baroque française [...] avec Marot et le XVIe siècle Ravel se sentait surtout confirmé dans ses aspirations par une langue fine, émaillée, distanciatrice est sans alanguissements (il s'agit du vocabulaire, non des sentiments exprimés), une langue dont il poursuit la création en musique. D'emblée, l'accompagnement, également prévu pour clavecin, affirme un archaïsme lointainement modal qui, aussi discret que disert, libère un rythme gracile et irrésistible de 5/4, distillant un bruit doux et mélodieux, manière de bonheur sans frein auquel ce tictoc-choc donne galbe et trajectoire. L'ironie ravélienne [...] se manifeste ici dans sa façon de contrevenir à nos habitudes d'oreille, ce gai babillage allant jusqu'à nous masquer une morne tonalité d'ut dièse mineur. Un magistral traitement de la prosodie montre enfin combien Ravel sait servir un texte sans lui être servile » (Marcel Marnat).

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