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Lot n° 50

Attribué à ATELIERS D'AVIGNON CABINET DIT «AUX...

Résultat :
Non Communiqué
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Réservé aux abonnés

représentant les empereurs Othon et Tibère Bas-Languedoc, Nîmes, dernier quart du XVIe siècle Noyer Hauteur totale : 222 cm Corps du haut : H.121 cm, L. 120,5 cm, P. 45,5 cm Corps du bas : 101 cm, L. 142 cm, P. 55,5 cm Inscription sur les vantaux du bas : Tiberius Provenance Ancienne collection Jean Thuile Notre cabinet à deux corps en retrait présente un riche décor qui comprend notamment quatre cavaliers dans un paysage sculptés en méplat sur les quatre vantaux. Il est sommé d'un fronton architecturé dont l'édicule central, placé entre deux chimères adossées, abrite la figure d'une divinité masculine. Les rampants sont garnis de deux chevaux marins ailés, le poitrail relevé, en appui sur des socles quadrangulaires. L'environnement fantastique et aquatique laisse penser que la divinité coiffée d'herbes folles et drapé en S pourrait être Neptune, probablement adapté d'une gravure contemporaine. Le thème marin se prolonge dans l'ornementation du corps supérieur, au niveau du linteau, où les dragons des mers affrontés sont encadrés de têtes d'angelot ailées. On le retrouve à la ceinture où les chevaux marins qui décorent la façade des tiroirs s'affrontent de part et d'autre de la prise en forme de masque hurlant. Les tiroirs s'insèrent entre des modillons à feuille d'acanthe, soulignés de denticules. Ils couronnent le corps inférieur dont les montants latéraux et le dormant sont enrichis de chutes de fruits et de fleurs retenus par une conque. L'ensemble repose sur une plinthe à gorge moulurée en cavet. Sur les vantaux du haut, le même cavalier figure en symétrie de part et d'autre du dormant. Il porte un bâton de commandement et son cheval se cabre comme s'il s'agissait d'une statue équestre. Sur les vantaux du bas, les cavaliers, également représentés en miroir, le sont dans une posture plus dynamique. Ils portent un étendard gonflé par le vent. L'inscription qui court dans l'angle supérieur extérieur des panneaux les identifie avec Tibère, l'un des Douze Césars dont la vie a été relatée par Suétone. Notre cabinet diffère en cela du type traditionnel de l'armoire aux cavaliers figurant les quatre grands conquérants de l'histoire romaine que sont Cyrus, Alexandre, Ninus et Jules César (fig. 1). Ce schéma a souvent été considéré d'origine languedocienne. On connaît cependant plusieurs variantes de ce thème dont la plus fameuse est sans doute celle d'Ecouen, avec les rois de France, où Henri IV et Louis XIII, figurés sous les traits d'empereurs romains sur les vantaux du haut, dialoguent avec les allégories de la Guerre, Victoire et Bellone, en bas (fig. 2). Pour la composition, il se rapproche en revanche du modèle de Pèzenas où sur les rampants du fronton nos chevaux sont remplacés par des sphinges et où les figures de Jules César (en haut) et d'Alexandre (en bas) se répètent en miroir de part et d'autre du dormant (fig. 3). Munis de leurs étendards, ces cavaliers dérivent des Quatre empires de l'anversois Martin de Vos, gravés par son compatriote Adriaen Collaert (fig. 4). Notre Tibère, au front ceint d'une couronne de lauriers, pourrait être tiré de César que l'on rencontre par ailleurs avec Ninus sur les deux panneaux de l'ancienne collection Peyre au Musée des Arts décoratifs (fig. 5). Comme ici, une chute de fruits anime le dormant qui sépare les vantaux. Le cavalier qui figure en haut, avec un bâton de commandement, doit en revanche être rapproché des portraits des Douze Césars, gravés par Adriaen Collaert mais surtout par le florentin Antonio Tempesta et à sa suite Matthaüs Merian. On reconnaît ici la statue équestre de l'Empereur Othon qui, dans un mouvement de torsion, se saisit de la bride de son cheval par la main opposée (fig. 6b-c). Notre cabinet aux cavaliers, qui a appartenu à l'éminent collectionneur et historien de l'orfèvrerie du Languedoc Jean Thuile (1887-1970), se distingue des autres armoires languedociennes de ce type en allant puiser les sources de son iconographie chez Suétone et les graveurs modernes inspirés par les mêmes Vies des Douze Césars. Cet engouement pour les figures équestres à la romaine s'explique, selon Jacques Thirion, par le prestige dont jouissait alors le Cabinet des Empereurs du château de Fontainebleau. Ce cabinet, commandé par Charles IX et détruit sous Louis XIV, présentait comme le nôtre un décor aux Douze Césars à cheval.

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